Bygmalion : Nicolas Sarkozy renvoyé en procès avec 13 autres personnes

Après enquête sur Bygmalion, le juge d’instruction vient d’ordonner le renvoi en procès de Nicolas Sarkoz, pour ses dépenses excessives lors de la campagne présidentielle de 2012, pour un montant d'au moins 42,8 millions d'euros, sans tenir compte des alertesadressées par les experts comptables de sa campagne les 7 mars et 26 avril 2012.

Un chiffre vertigineux par rapport au plafond légal, alors fixé à 22,5 millions.

Une stratégie d'occupation maximale de l'espace médiatique et télévisuel, qui avait engendré avec la multiplication de meetings spectaculaires, à la scénographie très étudiée et nécessitant l'emploi de moyens considérables et coûteux, note le juge Serge Tournaire dans son ordonnance du 3 février 2017. Un train qui filait à toute vitesse, avait résumé Jérôme Lavrilleux, un des responsables de la campagne.

Maître Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il ferait appel de cette ordonnance, signée seulement par l'un des magistrats saisis. Le second, le juge Renaud van Ruymbeke ne partagerait pas l'analyse de son collègue. Ce désaccord manifeste est rarissime pour être souligné ! Il illustre l'inanité de cette décision, a martelé Me Herzog. Le délit est passible d'un an de prison et de 3 750 euros d'amende.


13 autres personnes sont impliquées

Cadres de l'ex-UMP, comme Eric Cesari directeur général, Guillaume Lambert ou Jérôme Lavrilleux responsables de l'équipe de campagne, comme son directeur, Bastien Millot dirigeant de Bygmalion ou experts-comptables pour faux ou usage de faux, escroquerie ou complicité, abus de confiance ou recel et complicité de financement illégal reposant sur un système de fausses factures à grande échelle, destiné à masquer le dépassement du plafond, en profitant des faiblesses des contrôles.

En 2014, des cadres de Bygmalion et Jérôme Lavrilleux, ont été accusés de malversations en faveur de Jean-François Copé. Ce dernier a finalement mis hors de cause mais le scandale de la fraude au profit de la campagne de Sarkozy avait alors été révélé : les 16,2 millions d'€ de dépenses de meetings de la campagne, et qui auraient dû figurer au compte officiel du candidat, avait été imputés à l’UMP… L'enquête n'a pas permis de déterminer le donneur d’ordre et Nicolas Sarkozy n'a pas été mis en cause pour les fausses factures. En revanche, les dérapages financiers sont bien la conséquence directe de décisions prises par le candidat, seul ou avec ses équipes, en toute connaissance des risques encourus, estime le juge d'instruction.

Fallait-il que je me plonge dans les 46 cartons de factures ?, s'est défendu l'ex-candida qui avait nié toute explosion des dépenses et soulevé la possibilité de surfacturations au profit des patrons de Bygmalion, avec Jean-François Copé. Mais une expertise financière a conclu que les tarifs pratiqués par l’entreprise n'étaient pas anormaux. De plus, les investigations ont relevé l'omission d'autres dépenses, sans rapport avec la société Bygmalion et estimées à 3,5 millions d'€ par le juge.

Depuis sa défaite à la primaire de la droite le 20 novembre, Nicolas Sarkozy, 62 ans, est désormais devenu un retraité politique… Après la condamnation de Jacques Chirac dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, c'est la deuxième fois qu'un ancien chef de l’État est renvoyé en procès dans une affaire politico-financière sous la Ve République. François Fillon*, son ancien Premier ministre et candidat de la droite à la présidentielle a dit avoir une pensée émue pour Nicolas Sarkozy…


*Le candidat de la droite à la présidentielle 2017est pris lui-même dans des soupçons d'emploi fictif concernant son épouse et ses enfants comme attachés parlementaires…