Ahed Tamimi, 16 ans, résistante palestinienne

La vidéo montrant Ahed Tamimi, 16 ans, giflant et cognant des militaires de Tsahal dans le village de Nabi Saleh près de Ramallah en Cisjordanie occupée a fait le buzz*.

Connue pour résister l’armée israélienne, elle est devenue pour les Palestiniens une icône de la lutte contre l'occupation.

Sur les images, les soldats demeurent impassibles face à ce qui semble une manifestation de colère plus qu’une volonté de blesser puis ils s'éloignent…

En fait, ce vendredi 15 décembre, lors d’une manifestation de protestation suite à l’annonce de Trump sur Jérusalem capitale d’Israël, Mohammed Tamimi, son cousin de 14 ans, a reçu une balle caoutchouc-acier.

Défiguré, il a dû être transporté à l’hôpital où il a opéré et placé en coma artificiel. Lorsque des soldats armés sont venus quelques heures plus tard chez Ahed en exigeant d’entrer, elle les a repoussés en criant. C’est là qu’elle les a giflés et leur a donné des coups…

Arrêtée le 19 décembre, la jeune Palestinienne devra répondre de 12 chefs d'inculpation, requis ce 1er janvier 2018 par le procureur d'un tribunal militaire. Il estime que la jeune fille fait courir un risque à l'armée et au gouvernement. Le juge a décidé pour la 3e fois de prolonger sa détention.

Pourquoi Israël a-t-il si peur d’une adolescente ?

Ahed a été ballotée de prisons israéliennes en postes de police. Elle est détenue dans des cellules d'isolement glaciales avec des caméras de surveillance braquées sur elle 24 h/24.

À plusieurs reprises, on a tenté de l'interroger sans la présence d'un parent ou d'un avocat.

Face à l’une des armées les plus puissantes et les plus sophistiquées au monde, Ahed Tamimi présente en effet un risque. Mais celui-ci réside plutôt dans son refus que les Palestiniens consentent à leur propre occupation…

La stratégie du transfert volontaire est d’ailleurs de leur rendre la vie tellement insupportable qu'ils finissent par choisir de s’en aller…

Or, depuis qu’elle est petite, Ahed a toujours vu les membres de sa famille résister activement. Depuis 2013, ils organisent régulièrement des manifestations contre les militaires et les colons qui se sont emparés de leurs terres et de leur source. Les protestations sont réprimées avec des gaz lacrymogènes, des balles caoutchouc-acier, de l’eau puante et des balles réelles.

En 2012, le père d’Ahed a été déclaré prisonnier d’opinion par Amnesty International. En 2013, son oncle a été tué par une grenade lacrymogène tirée en pleine tête.

En 2014, sa mère, blessée à la jambe par une balle de calibre 22, a failli être définitivement handicapée.

Ses cousins et son frère aîné ont passé du temps dans les prisons israéliennes.

Alors, à son tour, Ahed fait face et affronte les soldats. Elle résiste au système qui perpétue les exactions contre les Palestiniens. En 2015, elle empêchait l’arrestation de son plus jeune frère…

C’est pourquoi Israël travaille intensivement à la discréditer et à la faire taire. Neftali Bennett, ministre de l’Education, a demandé qu’Ahed et sa famille passent le restant de leurs jours en prison. Avigdor Liberman, ministre de la Défense, a déclaré que la jeune fille et sa famille devaient avoir ce qu’elles méritaient… Ben Caspit, journaliste israélien a même renchérit : Israël devrait lui faire payer le prix à un autre moment, dans le noir, sans témoin ni caméra. Depuis, il a bien essayé de rétropédaler en disant que ces propos étaient rapportés hors de contexte

De même qu’on réduit les victimes d’agression sexuelle et de viol au silence, qu’on doute d’elles et qu’on les accuse des crimes commis contre elles, Ahed subi la même mauvaise foi de la part de ses agresseurs.

La logique israélienne est que les Palestiniens devraient coopérer à leur propre oppression. Ils devraient se déplacer tranquillement à travers les points de contrôle, ouvrir leurs sacs, ne pas regarder leurs occupants dans les yeux et ne pas contester ou protester contre le vol de leurs terres, de leurs ressources et de leurs libertés. Sinon, ils peuvent partir… constatent Taylor Morley et Ariel Gold, membres de CodePink.

Ariel Gold a organisé une tournée de conférences de Bassem Tamimi, le père d’Ahed, aux Etats-Unis en 2015.

Taylor Morley appartient comité directeur #MeToo à Los Angeles. CodePink a lancé #FreeAhed , une pétition adressée au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Nous, avec d’autres comme Jewish Voide for Peace, appelons les membres du Congrès à signer la mesure législative de la représentante Betty McCollum exigeant que l’aide des Etats-Unis à Israël ne soit pas utilisée pour les mauvais traitements et la détention des enfants palestiniens.