Maëlys : le suspect mis en examen pour meurtre

L’homme soupçonné d’avoir enlevé Maëlys, a été entendu une nouvelle fois par 3 juges ce 30 novembre au palais de Justice de Grenoble.

Jean-Yves Coquillat, procureur de la République de Grenoble, a rappelé que eNordahl Lelandais bénéficiait de la présomption d’innocence puis il a détaillé l’emploi du temps du suspect.

Au cours d’une audition de près 8 h avec 3 juges, l’ancien militaire de 34 ans, incarcéré depuis le 3 septembre, a continué de nier les faits mais il a été mis en examen pour meurtre. Plus tôt dans la même journée, il avait obtenu l’annulation* de ses premières déclarations en garde à vue. Son avocat s’est abstenu de s’exprimer devant les médias.

Les enquêteurs assurent ne pas attacher trop d’importance à ces premières déclarations qui faisaient surtout apparaître, disent-ils, les contradictions » du suspect, qui n’avait pas livré d’éléments déterminants.

Les gendarmes informent disposer de suffisamment d’éléments techniques pour faire avancer leurs investigations.

Maëlys, 9 ans, avait disparu dans la nuit du 26 au 27 août, lors d’une soirée de mariage où 140 invités s’étaient réunis à Pont-de-Beauvoisin. L’enquête mobilise 12 personnes. Mais 3 mois après, la petite fille reste introuvable…

Les juges sont revenus notamment sur les heures cruciales : du dimanche 27 août, vers 2 h 45 du matin, lorsque Maëlys a été aperçue pour la dernière fois par sa grand-mère, et jusqu’à 17 h 30, quand le suspect est ressorti d’une station de lavage, après avoir méticuleusement récuré son Audi A3. Les images de la caméra de vidéosurveillance attestent qu’il a nettoyé sa voiture durant plus de 2 h, dont près de 40 m passées à aspirer l’habitacle, insistant sur le côté passager et les poignées de portes intérieures et extérieures en passant des lingettes lustrantes, jamais retrouvées… Le suspect justifie ce zèle digne d’un ménage de printemps en déclarant qu’il voulait vendre sa voiture… L’acheteur potentiel a effectivement été identifié par les enquêteurs. Malgré tout l’ADN de Maëlys a quand même été retrouvé sur le tableau de bord…

La petite fille portait une robe blanche sans manches

Le suspect a effectué plusieurs allers/retours, entre la salle des fêtes et l’extérieur. Il a eu une explication pour chaque déplacement : il dit s’être absenté pour s’assurer que ses chiens allaient bien, pour chercher des bières ou changer son short taché…

A 2 reprises, cette nuit-là, son véhicule a été filmé avec une silhouette frêle de petite taille vêtue de blanc sur le siège avant, à droite du conducteur, a indiqué le procureur.

Une image d’une caméra de vidéosurveillance installée sur le fronton d’un magasin

d’optique, à 800 m de la salle, atteste que Nordahl Lelandais se serait absenté bien plus longtemps, ce qui soutient l’hypothèse de l’enlèvement. Elle montre un véhicule, reconnu par la justice comme étant celui du suspect, en raison d’un défaut d’éclairage des feux arrière, du positionnement des vignettes sur le pare-brise et d’un autocollant.

Un portable soudainement éteint

Un deuxième téléphone mobile, dont le suspect s’était gardé de révéler l’existence aux gendarmes, avant que ces derniers ne mettent la main dessus, a borné à plusieurs reprises à l’extérieur de la salle des fêtes, la nuit de la disparition.

En guise d’explicaton, Nordahl Lelandais assure être allé acheter de la cocaïne à proximité de l’endroit où son appareil a borné.

Vers 4 h du matin, lorsque les gendarmes sont arrivés sur les lieux, le suspect n’y était pas, mais son téléphone a émis des ondes à proximité de la salle, avant qu’il ne l’ait mis en mode avion, pour le réactiver vers 7 h. Pour économiser la batterie, s’est-il défendu. Nordahl Lelandais a demandé la résiliation de cette ligne dès le lendemain, a indiqué le procureur.

*L’annulation ne concerne pas les auditions réalisées lors de la 2e garde à vue au moment de sa mise en examen, le 3 septembre porte sur les procès-verbaux établis au début de l’affaire : le 31 août, 5 jours après la disparition de Maëlys, Nordahl Lelandais est placé en garde à vue. Or, les 4 auditions effectues par les gendarmes ne sont pas filmées, comme l’exige le code pénal en matière d’affaire criminelle. Quand Maître Jakubowicz reprend la défense du suspect fin septembre, il s’aperçoit de cette erreur de procédure et décide alors de déposer une requête en nullité.