30 sans abris passeront l’hiver à l’Hôtel Dieu

Comme un marronnier, à chaque fois que les températures chutent, le froid rappelle aux consciences engourdies que certains dorment dans la rue…

Sous la pression, l’AP-HP vient d’accorder à 30 Sans-abris l’autorisation d’occuper jusqu’en mars, des chambres inutilisées au sein de l’Hôtel-Dieu, le plus vieil hôpital de France sur le parvis même de Notre-Dame à Paris.

A l’origine de résultat, la synergie de 2 initiatives durant les journées les plus froides de l’hiver, ce week-end des 7 et 8 janvier pour obtenir une trentaine de lits d’hébergement.

Avec le SAMU, j’ai été porter secours à un SDF en hypothermie, à 28°, a témoigné le Dr Gérald Kierzek, urgentiste à l’Hôtel-Dieu, ce vendredi 6 janvier. Alors que je sais que dans mon hôpital, qu’il y a 80 lits vides, c’est insupportable ! … Comme si l’on avait oublié le mot assistance, dans Assistance Publique… a fustigé le médecin, avant de prévenir sur Twitter : suis de garde ce soir, j’accueillerai au chaud les personnes qui en ont besoin. Il est inadmissible que des dizaines de places restent ainsi inutilisées malgré le besoin, a-t-il insisté en publiant des photos de lits vides.

Tandis que le DAL organisait ce samedi 7 janvier, l’occupation d’une aile désaffectée du même hôpital :

l’Hôtel-Dieu où 30 SDF ont passé la nuit… On s’attendait à être expulsés très vite par les flics mais les soignants CGT nous ont porté secours, apportant matelas, lits de camp, couvertures… Puis la direction a accepté que nous nous installions dans l’aile Saint-Côme et a rétabli le chauffage, rapportait le lendemain matin, Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL. Les chambres avec cabinets de toilette, douches, et kitchenette sont parfaitement adaptées à un hébergement temporaire.


J’appelle le 115 tous les jours et quand, par miracle, j’arrive à l’avoir, c’est pour me faire dire qu’il n’y a pas de place, témoigne un apprenti boulanger de 25 ans qui ne compte plus les mois passé à la rue. Impossible de trouver du travail lorsqu’on ne sait même pas où on va dormir,
Je suis à la rue depuis mon arrivée en France, en 2013. Pourtant, je travaille, dans un atelier de réparation de vélos du 14e arrondissement, raconte un jeune Nigérian, en montrant un jugement condamnant le préfet de Paris à l’héberger, assorti d’une astreinte de 50 €/jour…

On a besoin d’habiter pas loin de Paris, car nous travaillons tôt le matin et tard le soir, et nos enfants sont scolarisés dans le 3e, explique un couple d’employés de ménage dont les 2 enfants sont hébergés chez des amis, dans une chambre infestée de rats et de cafards 

Cette mobilisation à deux pas du kilomètre zéro du parvis de Notre-Dame peut créer une onde de choc vers toute la France, a espère J.B Eyraud qui estime qu’il y a beaucoup de locaux vides dans les établissements de soins dont la mission est l’hospitalité et qui pourraient être mis à la disposition des mal-logés.

Jean-François Carenco, préfet d’Ile-de-France, et Martin Hirsch, directeur de l’AP-HP Martin Hirsch sont venus sur place. Dimanche 8 janvier dans l’après-midi, un accord a été conclu pour concéder à l’association Aurore, l’occupation de l’aile Saint-Côme, jusqu’en mars… mais pas plus ! Car l’hôpital est en pleine réorganisation : il ne sera pas vendu mais retrouvera une vocation médicale, a justifié Martin Hirsch.

Dès fin janvier, une autre aile de l’Hôtel Dieu proposera une quarantaine de places à des jeunes mères qui viennent d’accoucher et ne savent pas où aller, a indiqué Sophie Brocas, secrétaire générale de la préfecture. Un besoin crucial à Paris puisque 5 bébés naissent dans ces conditions, a-t-elle précisé. L’AP-HP est de bonne volonté, elle a mis à disposition de nombreux locaux sur les sites de Necker, Broussais, Fernand-Widal… a encore indiqué Sophie Brocas. D’autre part, un accord entre le DAL et le préfet d’Ile-de-France prévoit le relogement d’une centaine de famille dans le parc social, de façon durable.