Lille : agression d’une jeune femme dans le métro sous l’indifférence des usagers

Mercredi 23 avril, Cécile prend le métro vers 22h30 dans une station du centre-ville de Lille pour rentrer chez elle à Tourcoing.

Un jeune homme, vraisemblablement déjà ivre, avec à la main une petite bouteille de vodka, l’aborde et ne la lâche plus. Il lui met la main sur la joue, se rapproche, la tient par les épaules, essaie de l'embrasser, lui touche la poitrine et les fesses et menace à plusieurs reprises de la violer.

Elle se fait violemment maltraiter ainsi pendant plus de 20 minutes dans l’indifférence générale. Encore choquée, la jeune femme de 29 ans a raconté comment personne n’est intervenu lorsqu'elle appelait au secours. J'ai essayé de le calmer, en lui disant que je suis mère de 4 enfants. Il n'a rien voulu savoir. Il me disait que j'étais une belle fille, une pute et qu'il allait appeler son cousin pour me violer. Il m’a touchée ! insiste-t-elle, bouleversée.

J'ai crié à l'aide. Je me suis mis à côté d’un monsieur, il n’a rien fait. Les gens s'écartaient, ils avaient peur…, poursuit la jeune femme, qui tente de comprendre ce comportement. Les gens sont partis dans l'autre rame tout au fond. Ils m'ont laissée toute seule et me regardaient me faire agresser. ! Ils auraient dû me défendre ! conclut avec indignation la victime.

Après avoir reçu quelques gifles et des crachats, la jeune femme parvient enfin à sortir du métro. Toujours agressée et poursuivie, elle ne trouve aucun soutien auprès des 5 personnes présentes sur le quai… Dans la rue, le jeune conducteur de 18 ans qui s’arrête pour l’aider est aussitôt pris à parti par son agresseur avant qu’il soit enfin maîtrisé par l’intervention des vigiles de l’hôpital Oscar Lambret qui ont assisté à l’altercation.

Sur LCI, Maître Michel Lokamba, son avocat témoigne que cette mère de famille a dû demander une aide psychologique pour faire face au traumatisme, engendré autant par l’agression que par l’indifférence des usagers. Cécile, elle, affirme qu'elle continuera à prendre le métro car elle n'a pas le choix, mais espère qu’aucune autre femme ne subira la même chose…

Enquêteurs et magistrats se déclarent choqués que pendant 20 à 30 minutes, dans la rame comme sur le quai personne n’ait bougé :

On ne leur demande pas forcément d'intervenir mais cela ne coûte rien de nous appeler, a déploré la police.

L'attitude de certains témoins peut éventuellement être assimilée à de la non-assistance à personne en danger. Frédéric Fèvre, procureur de la République à Lille, a demandé aux policiers de mener une enquête distincte afin de déterminer si l'infraction est juridiquement constituée.

Lors de son interpellation, l' assaillant, a simplement reconnu avoir dragué sa victime… Agé de 19 ans, il était déjà connu des services de police notamment pour des vols avec violence. Il a été condamné jeudi en comparution immédiate par le tribunal de Lille à 18 mois de prison ferme pour agression sexuelle en état d’ivresse. De nationalité marocaine, il a également fait l’objet d'une interdiction de territoire de 2 ans et d’une inscription sur le fichier des délinquants sexuels.

Le métro lillois est équipé de caméras de vidéosurveillance. En station et dans les trains. Ces machines sophistiquées ont enregistré docilement l’intégralité de la terrible scène en temps réel. Elles témoignent clairement de l'attitude des gens s'éloignant sans porter secours… Mais durant ces 30 minutes, pourquoi n’y avait il personne pour visualiser la situation, se rendre compte de sa gravité et intervenir ?

Où étaient les êtres humains responsables de la sécurité du métro de Lille ?