Syrie : libération de 4 otages français

Les quatre otages français détenus en Syrie ont été libérés.

Blêmes et amaigris, ils ont regagné la France ce dimanche et retrouvé leur famille.

Enlevés en juin 2013, Nicolas Hénin, Didier François, Edouard Elias et Pierre Torres sont restés 10 mois aux mains des ravisseurs de L'Etat islamique d'Irak et du Levant.


J'ai eu des simulacres d’exécutions, pistolets posés sur la tempe ou le front, a témoigné Didier François, 53 ans, journaliste à Europe 1, parti en reportage en Syrie pour la radio afin d'enquêter sur le recours aux armes chimiques.

Son expérience de grand reporter acquise lors de nombreux conflits, (Tchétchénie, Kosovo, Proche-Orient, Irak) lui a servi pour décoder certaines situations : les affaires d'otages, je les ai suivies très longtemps, et de très près, je connais relativement les procédures. ... Je voyais qu'on n'avait pas atteint la limite.

Didier François a poursuivi sur le quotidien avec les 3 autres otages, enfermés dans des caves avec des portes en fer, barreaux sur tous les interstices.

Les premiers jours ont été particulièrement éprouvants : 4 jours sans manger ni boire. Le quatrième jour sans boire, on se sent vraiment mal, menotté à un radiateur à recevoir des coups pour casser les velléités de résistance. Lorsque Didier François a retrouvé la liberté sa première grande émotion a été de voir le ciel… Tous sont, en effet, restés détenus dans des sous-sols parfois éclairés de néons X mais sans voir le jour. Sur ces 10 mois de captivité, les ex-otages ont passé un mois et demi entièrement enchaînés les uns aux autres, a rapporté Didier François. Dans un pays en guerre, ce n'est pas toujours simple, que ce soit la nourriture, l'eau, l'électricité, parfois c'était un petit peu bousculé, les combats étaient proches, il est arrivé qu'on soit déplacés très rapidement dans des conditions un peu abracadabrantes

Journaliste pour Le Point, Nicolas Hénin, a précisé qu'il avait été déplacé dans une dizaine de lieux de détention... La plupart du temps, avec d'autres personnes, notamment Pierre Torrès (photojournaliste de 29 ans). Nicolas Hénin, qui a pris des risques dès son troisième jour de détention avec une tentative échouée d'évasion, déclare ne pas toujours avoir été bien traité…

Edouard Elias, 23 ans, photographe enlevé avec Didier François au nord d'Alep le 6 juin 2013 a déclaré : Ça aurait pu être pire. Il y a eu des hauts et des bas mais on peut marcher, on est en bonne santé, c'est l'essentiel… Parlant des risques du métier, il a raconté qu'il avait surtout pensé à sa famille.

Une libération dans la nuit de vendredi à samedi

Ligotés, les yeux bandés, abandonnés dans un champ, c'est ainsi qu'a été rapportée la première version de leur libération. Selon Nicolas Hénin, ils ont rejoint à pied la frontière turque, au nord de la Syrie. Nous l'avons traversée, la tête découverte les mains dans les poches, et avons été dirigés vers une unité de l'armée turque qui nous attendait, a-t-il détaillé samedi sur France 24. Leur identité vérifiée par les Turcs, les 4 ex-otages auraient été remis ensuite aux hommes de la DGSE.

Pendant des mois, les ex-otages ont été suivis à la trace. La DGSE a été en capacité permanente de repérer les otages en Syrie, a indiqué au Parisien une source proche du dossier. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense avait d'ailleurs effectué un déplacement discret, il y a plusieurs semaines en Turquie, pour y rencontrer les autorités politiques, a précisé Le Parisien.

Après avoir évoqué des conditions de détention très dures, le ministre des Affaires étrangères, a affirmé L'Etat ne paie pas de rançon. C'est un principe très important pour que les preneurs d'otages ne puissent être tentés d'en ravir d'autres, a insisté Laurent Fabius.