Paris : Décès inexpliqué aux urgences de l'hôpital Cochin

Une femme de 61 ans a été amenée samedi dernier à 16h48 aux urgences de l'hôpital Cochin par les pompiers pour une plaie au pied à la suite d'une chute sans signe de gravité… A 23h (6h après), elle a été retrouvée morte sur la chaise où elle patientait.

Sur Europe midi, le docteur Gérald Kierzek, urgentiste et auteur de 101 conseils pour ne pas atterrir aux urgences aux éditions Robert Laffont, a déclaré ne pas avoir été surpris plus que ça en expliquant pourquoi : On redoutait un drame comme celui-là !

Les services d’urgences enregistrent, des pics de saturation de plus de 200%. Tous les jours, nous sommes sur le fil du rasoir, tous les jours on essaie de faire avec les moyens du bord… Au moins depuis le 4 novembre 2013, avec la fermeture de celui de l’hôtel Dieu, les services d'urgences des autres hôpitaux de Paris sont de plus en plus saturés. La situation est connue et dénoncée régulièrement, affirme le médecin. Elle est devenue dramatique depuis des semaines, a-t-il martelé. Les urgentistes ont déjà interpelé la Ministre de la santé, et le président de la République sur ce sujet.

Selon lui, des études scientifiques ont déjà prouvé que plus on attend, plus on meurt : une heure d'attente aux urgences engendrerait 10% d’effets secondaires en plus. Gérald Kierzek dit attendre une décision politique. La seule solution ! conclut-il.

La question des effectifs est cruciale depuis que l'hôpital Cochin accueille une partie des flux de patients qui étaient auparavant transférés par les pompiers aux urgences de l'Hôtel-Dieu, converties en centre de consultations 24H/24 malgré une opposition syndicale et politique. Le comité de soutien Hôpital pour tous, et la CGT n'ont cessé de protester contre un risque accru de mort aux urgences en raison d'une sursaturation.

Le service d'urgences de Cochin était complètement saturé, comme le sont quotidiennement toutes les urgences parisiennes depuis la fermeture de l'Hôtel-Dieu le 4 novembre 2013, affirme Hôpital pour tous dans un communiqué. Des candidats à la mairie de Paris, pourtant opposés politiquement défendent la même thèse : La sursaturation tue, a affirmé Danielle Simonnet (Front de gauche)… Les urgences devenues dangereuses, a déclaré de son côté, Wallerand de Saint-Just (FN).

A ma connaissance, il n'y a pas d'interférences entre ce décès et la réorganisation de l'Hôtel-Dieu. Les effectifs de Cochin avaient été renforcés, a souligné au contraire Martin Hirsch, directeur général 'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP)

Le Pr Chaussade, président de la Commission médicale d'établissement (CME) de l'hôpital Cochin, a recensé trois médecins séniors et trois internes. Il n'y avait pas de problème de personnel… a déclaré le Pr Chaussade, en conférence de presse. Une infirmière avait mesuré les constantes de cette patiente (pression artérielle, fréquence respiratoire...) à 17h15 et n'avait pas jugé que son cas nécessitait l'intervention rapide d'un médecin, a-t-il précisé.

Une enquête interne a été ouverte par l'AP-HP pour déterminer si des négligences ont été commises par l'établissement, quelles ont été les modalités de surveillance et les causes exactes de la mort… Il y a un eu décès dans des circonstances non élucidées à un moment donné, dans un service qui avait une activité normale et des effectifs adaptés, a renchéri Martin Hirsch. La famille de la patiente n'a pas porté plainte, a-t-il indiqué

Marisol Touraine a demandé de faire la lumière dans les meilleurs délais. Les résultats devraient être connus dans le courant de la semaine prochaine.