Film Syngué Sabour, pierre de patience : un hymne à la femme

Syngué Sabour, pierre de patience, raconte tout simplement l'histoire d'une femme.

A un détail près : cette femme mariée vit en Afghanistan … L'auteur, Atiiq Rahimi , qui a reçu le Prix Goncourt 2008 pour Syngué Sabour, a adapté lui même son œuvre pour le cinéma, épaulé par l'écrivain et cinéaste Jean-Claude Carrière.




Au cœur de Kaboul en guerre, une femme veille son mari. Plongé dans le coma après avoir reçu une balle dans la nuque, il doit sa survie à sa compagne renouvelant tant bien que mal sa perfusion. Elle le lave, le soigne, s'inquiète pour lui lors des bombardements. Et elle lui parle. Peu à peu, à la faveur d'une guerre qui l'a laissée seule et démunie face à lui, la femme se raconte à ce mari guerrier absent à son propre mariage, son poignard l'ayait représenté… : Je me suis mariée à toi, sans toi, lui confie-t-elle.

Immobile, il devient sa pierre de patience, syngué sabour, qui d'après le Coran accueille les confidences jusqu'à éclater pour en libérer son auteur. 

Les hommes qui ne savent pas faire l'amour, font la guerre. L'essentiel est dans ces quelques mots de la tante de la jeune femme, elle-même rejetée par son mari à cause de son infertilité puis contrainte à vendre son corps pour survivre. Dans sa maison close, elle recueille ses deux nièces.

Incarnée par Golshifteh Farahani, la femme brûle de colère ; elle s'indigne de ses conditions de vie, de la toute puissance que les hommes exercent sur elle depuis l'enfance. Elle se bat. Elle échappe à un viol en déclarant qu'elle vend son corps : une prostituée n'est pas digne d'être violée par un Taliban ! Les jours passent. La femme se libère et va plus loin dans ses confidences. C'est une catharsis. Elle ira jusqu'au bout. Jusqu'à ce que la pierre éclate.

Alors que la Journée de la femme, le 8 mars, a une nouvelle fois mis en lumière les droits bafoués des femmes dans de nombreux pays du monde, il est plus utile d'aller voir ce film que de recevoir une rose…

Si Syngué Sabour vous touche, enchaînez avec Wadjda, le premier film saoudien. Il raconte la vie d'une famille moderne d'Arabie saoudite et d'une jeune fille de 12 ans voulant à tout prix faire du vélo alors que ça lui est interdit.