Nucléaire : Risques observés pour 19 centrales…

Alors qu’un drone, habillé en Superman et piloté par des militants de Greenpeace a survolé, la centrale du Bugey (Ain), avant de se crasher contre le mur de la piscine d’entreposage de combustible usé ce 3 juillet au matin, une commission d’enquête remet ce 5 juillet un document de 192 pages avec ses conclusions sur la sécurité nucléaire du territoire…

En octobre 2017, un rapport de Greenpeace alertait justement sur  des installations atomiques françaises et, insistait plus particulièrement sur les fragilités des systèmes de refroidissement des déchets.

Après 5 mois et de nombreuses visites sur le terrain, la commission ne révèle pas de faits nouveaux mais liste nombre d’interrogations et de doutes et les auditions menées n'ont ainsi pas permis d'apporter des réponses définitives.

Force est de constater que malgré des efforts, le parc souffre toujours de sa faille originelle : ne pas avoir été conçu avec le risque terroriste.

Alors que la polémique autour de la fermeture de certains sites continuent, les conséquences du vieillissement des installations ont été observées : des signes avancés de corrosion sur de nombreuses pièces interrogent sur la pertinence de la prolongation de la durée de vie de ces centrales

Autre exemple : les parlementaires n'ont pas pu avoir accès au détail des tests menés par l'armée pour évaluer la solidité des murs. D’autre part, les convois transportant des matières radioactives empruntent trop souvent les mêmes itinéraires, ce qui réduit leur sécurité…

Il y a une conscience du risque et certaines leçons ont été tirées de Fukushima a indiqué au Monde Barbara Pompili, la députée (LREM ex-EELV) de la Somme, à l’initiative de l’enquête. Elle s’est notamment rendue au Japon sur les lieux de la catastrophe de mars 2011 avec certains de ses collègues et préside la commission du développement durable à l’Assemblée nationale, créée le 1er juillet 2009.

Mais le parc nucléaire français comporte plus de fragilités que je ne le pensais s’inquiète-t-elle. Il s’agit d’un débat politique, et ces questions ne sont pas assez posées collectivement, ajoute Barbara Pompili.

Mieux encadrer les sous traitants

Le rapport dénonce également le recours massif d'EDF à des entreprises extérieures : parfois, jusqu'à 7 niveaux de sous-traitance. EDF a ainsi progressivement perdu une partie de son savoir-faire, regrette Barbara Pompili. Auditionnés, certains employés de ces entreprises ont d’ailleurs témoigné de situations absurdes : ils devaient former le personnel d'EDF, qui, un mois plus tard, étaient chargé les… surveiller ! EDF est donc appelé à reprendre davantage la main sur la maintenance de ses sites afin de limiter le recours à la sous-traitance.

Améliorer la sûreté

La commission a fait une trentaine de propositions. Ellepréconise la présence, au minimum, de 4 gendarmes/réacteur, à tout instant. Le floutage des emplacements des centrales françaises sur les sites de cartographie devrait également être rendu obligatoire et automatique. Les pouvoirs de ASN (Autorité de sûreté nucléaire) seront également renforcés pour faire face au danger terroriste, assurent les parlementaires de la commission d'enquête qui réclament un calendrier de fermeture des réacteurs. Une recommandation qui intervient alors que le gouvernement doit se prononcer, courant sur les réacteurs à fermer d'ici 2035 pour atteindre les 55 % de nucléaire dans le mix énergétique français contre plus de 70 % actuellement.