Marseille : la polémique sur la pollution des Boues Rouges continue

Depuis 1956, des boues rouges polluantes sont déversées par Altéo, usine d’alumine de Gardanne, au large de Cassis.

L’autorisation de polluer prenait fin en 2015.

Pour sauvegarder 500 emplois, l’Etat l’a prolongé jusqu’en 2021. Au gouvernement, Manuel Valls et Ségolène Royal sont divisés.

Sur place, l’industriel affronte des dizaines d’associations. De plus, la question des boues rouges a attiré sur d’autres phénomènes de pollution dans le parc national des Calanques. Les associations se sont ainsi rendues compte que les rejets de la station d’épuration de Marseille n’étaient pas aux normes, et que la dépollution de la calanque de Saména, interdite à la baignade en raison des taux de métaux lourds prévue pour 2013, n’était toujours pas financée.

Analyses et statistiques contradictoires

Altéo affirme que 85% de la pollution a cessé puisque les boues rouges sont désormais stockées à terre. L’industriel teste des procédés pour être dans les normes de rejets bien avant l’échéance de 2021. Sur l’arsenic, on nous demande d’être à 0,05,. Aujourd’hui nous avons fait des tests en laboratoire et nous sommes à 0,06 mg donc très près du seuil, se félicite Eric Duchêne, le responsable de la recherche, qui a présenté des résultats similaires sur les autres métaux lourds comme le mercure et le plomb.

Mais les associations mettent l’accent sur la mauvaise foi d’Altéo, qui dure depuis…60 ans :

L’industriel manipule l’opinion publique. Sur la masse volumique, on arrive effectivement à retirer 90%. Mais les 10% rejetés ne passent pas par une station d’épuration donc tous ces produits polluent, sous forme liquide, notre littoral, dénonce Alain Matési, ingénieur et spécialiste des stations d’épurations.

François Michel Lambert, député de Gardanne, vert - pas tendance Duflot - a demandé des rapports officiels, rendus publics en fin de semaine. Le rapport de l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, commandé par la ministre est très clair : il n’y a pas de risque à consommer le poisson de Méditerranée, y compris dans cette zone. De plus, l’entreprise répond très bien aux injonctions sur les rejets. Alteo est l’usine la plus contrôlée de France ! En quelques mois nous sommes passés de 6 dérogations à 2, notamment parce que tout le monde pousse : associations, politiques, acteurs industriels. Ceux qui sont pour fermer l’usine n’aident en rien.

Selon Gérard Carodano, Premier Prud’homme des pêcheurs, 600 petits métiers seraient directement impactés : Je travaille à 40 km de la Ciotat, sur le grand large je bouffe du gasoil Comme il n’y a plus rien à manger parce que les produits sont toxiques, les poissons s’en vont ailleurs… Il faudra des siècles pour que la mer reprenne ses droits !, fustige-t-il au nom des professionnels du secteur de La Ciotat.

La publicité faite autour de ces boues rouges nuit également au tourisme. Il n’y a plus de boues rouges, martèle Danielle Million, maire de Cassis qui a passer l’été à rassuré les baigneurs. Les gens vont finir par croire qu’ici, on se baigne dans de l’arsenic On a des rejets liquides mais il y a 85% de pollution en moins ! Mieux que durant les 51 dernières années…, insiste-t-elle. A Cassis, on se baigne dans des eaux fantastiques de beauté et de propreté ! résume Danielle Million, enthousiaste. Le Pavillon bleu est d’ailleurs décerné aux plages de Cassis sans interruption depuis 2009. Les touristes devraient donc penser que la pollution ne concerne pas le rivage…