Tacloban : Bea Joy, une étoile enfantée au milieu du chaos

Sur île de Leyte à Tacloban, là où le passage du typhon Hayian a été le plus meurtrier, un petit miracle s'est produit. Bea Joy est née le 11 novembre, au milieu des décombres, dans un bâtiment de l’aéroport transformé à la hâte en centre médical.

Des morceaux de bois sont entassées un peu partout et le sol est jonché de débris mais le recueillement et la solidarité dans la pièce. Des volontaires, qui n'ont sûrement rien mangé ni bu depuis longtemps, se sont relayés pour tenir la perfusion à bout de bras pendant 4 h. Une femme soutient la tête de la mère, une autre lui masse le ventre jusqu'à la naissance saluée par les applaudissements de tous.


Elle est mon miracle. J’ai pensé que j’allais mourir, et elle avec moi dans mon ventre, raconte la maman, Emily Sagalis, 21 ans. Elle est si belle. Je vais l’appeler Bea Joy, en l’honneur de ma mère, Beatriz, confie doucement Emily.

Sa mère… qu'elle n'a pas revu depuis que les vagues, de plusieurs mètres de haut, se sont abattues sur la maison familiale. Le choc a détruit la construction de bois, emportée à plusieurs mètres par la force du vent. Jobert, le papa ému, a retrouvé sa femme accrochée à des objets flottants à la surface de l’eau. La volonté de Dieu, dit-il. Leur village n’est plus qu’un champ de ruines jonché de cadavres de personnes et d’animaux. Ils sont restés dans l’eau pendant des heures avant qu'elle se retire et qu'ils parviennent à se réfugier dans une école avec d’autres rescapés. Terrés là pendant trois jours, ils ont la chance de trouver des bouteilles d’eau…

Quand Emily a senti les premières douleurs, ils ont marché plusieurs kilomètres, jusqu’à ce qu’un camion les prenne à bord. La jeune femme avait perdu les eaux lorsqu’elle est arrivée dans ce centre médical improvisé dans l'aéroport de Tacloban. L’accouchement a été difficile, la mère a fait une hémorragie, a indiqué Victoriano Sambale, le médecin militaire qui l’a assistée. C’est le premier bébé que nous accueillons ici. Elles vont bien. Nous avons réussi à stopper les saignements de la mère, dit-il. Mais à cause de l’environnement, nous devons lui donner des antibiotiques en intraveineuse. Depuis hier nous n’en avons même plus par voie orale… Si la jeune mère souffrait d’une infection, l’équipe médicale ne pourrait pas faire grand chose…

La solidarité s'est aussitôt déployée depuis Manille, la capitale, moins éprouvée par le typhon mais les Philippines ne sont pas en mesure de faire face seules à l'ampleur de la catastrophe. Les autorités ont avancé le chiffe de 10 000 morts pour la seule ville de Tacloban… Les cadavres restent sur le sol et les survivants manquent de tout. Mais les infrastructures ont subi tant de dégâts que les renforts de secours d'urgence et l'aide alimentaire internationale tardent à arriver.