Nyansapo : un festival afroféministe interdit aux Blancs ?

L’événement, plutôt confidentiel, devait réunir environ 200 personnes du 28 au 30 juillet à Paris. Il en a déjà divisé plusieurs milliers… sur la vision de l’antiracisme.

Prévoir de réserver l’accès de certains ateliers aux seules femmes noires a déclenché une vaste polémique, largement amplifiée par Twitter et oppose 2 visions de l’antiracisme.

Nyansapo est un rassemblement organisé par Mwasi. Il est destiné à construire des stratégies et des solidarités durables, indique le site du collectif qui précise que 3 espaces sur 4 non mixtes, Les 2 premiers seront réservés aux femmes noires, le 3e aux  femmes victimes de discriminations. Seul un 4e sera ouvert à tou.te.s .

La démarche a déclenché les foudres de guerre : Fdesouche a commencé à dénoncer sur Twitter ce festival interdit aux blancs, suivi aussitôt par Wallerand de Saint-Just, président du groupe Front national au conseil régional d’Ile-de-France. La Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) a également condamné : Rosa Parks doit se retourner dans sa tombe, s’est offusqué le président en référence à la passionaria de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis, regrettant que le combat antiraciste devienne l'alibi d'un repli identitaire… La Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) a fustigé l’organisation d'un festival comportant des espaces en non-mixité fondés sur la race.

SOS Racisme l’a jugé comme une faute sur le plan politique, sinon une abomination, car il se complaît dans la séparation ethnique là où l'antiracisme est un mouvement dont l'objectif est postracial…

On imagine le tollé, justifié, d'un festival interdit aux Noirs !, ésume l'opinion la plus souvent exprimée.

Du coup, Anne Hidalgo, maire de Paris a répondu en menaçant de faire annuler l’événement

qui doit se tenir dans les locaux de la Générale Nord-est, coopérative artistique, politique et sociale située dans le 11e arrondissement et dont la municipalité est propriétaire.

Le préfet Michel Delpuech a informé qu'il veillerait au respect rigoureux des lois, valeurs et principes de la République. Anne Hidalgo a assuré qu'elle se réservait la possibilité de poursuivre les initiateurs de ce festival pour discrimination.

Enorme coup de pub et… compromis trouvé

Nous sommes attristés de voir certaines associations antiracistes se laisser manipuler ainsi. Elles se retrouvent paradoxalement du côté des racistes à stigmatiser celles et ceux qui militent pragmatiquement pour les valeurs d'égalité et de respect, se défends le collectif.

Le collectif Mwasi a été fondé en 2014 par un groupe de femmes originaires d'Afrique et de métisses qui ressentaient le besoin de se fédérer et d'exprimer leurs points de vue liés à de nombreux problèmes ou «oppressions» que peuvent subir les personnes noires, telles que les discriminations liées à la classe sociale, au genre, à la sexualité ou encore à la religion. Le Nyansapo Fest assume donc d'être en partie non-mixte, avec 4 espaces distincts dont 3 réservés respectivement aux femmes noires, aux personnes noires, et aux femmes victimes de racisme, et le 4e étant ouvert à tout le monde.

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En contrepoint à ces menaces répressives, un élan est apparu sous la bannière #JeSoutiensMwasi , apportant à l'association Mwasi uns visibilité inespérée


A la suite de mon intervention ferme hier auprès des organisateurs, une solution claire a été établie, a finalement annoncé la maire de Paris : le festival organisé dans un lieu public sera ouvert à tous, les ateliers non-mixtes se tiendront ailleurs, dans un cadre strictement privé, indique-t-elle.