Mayotte : département français au bord de l’explosion

Barrages routiers, opérations escargot, journées opérations ville morte, grèves…

A Mayotte les habitants se mobilisent depuis 3 semaines, ils dénoncent l'insécurité croissante entendent obtenir des moyens pour développer ce département d'outre-mer, le plus pauvre de France.

Les premières manifestations rassemblaient un millier de personnes mais selon les chiffres de l’intersyndicale et du collectif d'associations à la tête de la contestation, ils étaient dix fois plus, ce 7 mars, à Mamoudzou.

En pleine saison des pluies et malgré les orages, les pluies diluviennes, les Mahorais sont toujours aussi motivés, rapporte un journaliste de Mayotte Hebdo.

Parlementaires, maires et élus départementaux ont annoncé conjointement rejoindre le mouvement. Ils ont indiqué que les collectivités locales seraient fermées jusqu'à nouvel ordre.

Amélioration des conditions de vie

Ils chiffrent les besoins de Mayotte à 1,8 milliard d'euros. Les gens sur place n’ont pas de mots assez durs contre la ministre des Outre-Mer Annick Girardin et le gouvernement. Ils ne se sentent pas entendus, commente le journaliste de Mayotte Hebdo.

Ce 28 février, en réponse à la crise, Annick Girardin, avait promis l’envoi de renforts aux forces de l’ordre et annoncé la tenue prochaine d’une conférence sur l’avenir de Mayotte. Ses déclarations n’avaient fait qu’empirer la situation et renforcé la détermination… U

n sentiment d’abandon et de déconnexion du gouvernement face aux problèmes de l’île est partagé par les enseignants. En 2013, il manquait 500 classes à Mayotte. Il nous faudrait en créer une par jour, a reconnu Annick Girardin. Les classes sont surchargées et contraintes de fonctionner par rotation. 80 % des établissements n’ont même pas d’agrément de la commission hygiène et sécurité. Depuis le début de l'année, de nombreux actes de violence ont été recensés. Dans 3 lycées, les personnels ont exercé leur droit de retrait ainsi que des chauffeurs de bus scolaire, dont les véhicules sont régulièrement vandalisés.

Ce n’est pas la police qui va ramener la paix à Mayotte !, fustige Rivo Rakotondravelo secrétaire départemental du SNUIPP, syndicat majoritaire, sur France 24. Nous sommes un département français depuis 2011 mais l’égalité sociale n’existe pas ici, résume-il après avoir décrit des conditions de travail exécrables. La question de l’immigration doit évidemment être prise en compte. C’est anormal que Mayotte assume seule ce fléau. Il faut traiter le problème mais  il faut aussi faire preuve de solidarité nationale et améliorer l’accueil des migrants, estime-t-il.

Ras-le-bol généralisé et forte pression migratoire

Mayotte = 45 % de population étrangère en situation irrégulière… Mayotte = première maternité de France … en nombre de naissances ! Beaucoup de Mahorais estiment que l'immigration clandestine venue des Comores, à seulement 70 km de ses côtes, est à l’origine de tous les maux à Mayotte. Il s’agit du département français où la part d’étrangers dans la population est la plus importante. Seuls 45,1 % des Mahorais sont nés à Mayotte. Selon les chiffres de l’Insee repris par Le Monde, 70 % des bébés nés à la maternité de Mamoudzou naissent de mères en situation irrégulière qui espèrent ainsi que leur enfant obtiendra la nationalité française à 18 ans. Est-ce qu'on s'autorise à travailler sur un nouveau statut de cette maternité ? Est-ce qu'on réfléchit aux transformations qu'il faudrait apporter en matière de droit et d'accès la nationalité ? Je mets tous sur la table, a répondu le Premier ministre Édouard Philippe, à Thani Mohamed Soilihi, sénateur LREM de Mayotte. L'élection de Ramlati Ali (REM en juin 2017 ayant été annulée après un recours déposé par Elad Chakrina, candidat LR, une législative partielle doit avoir lieu les 18 et 25 mars. Si l’état n’ouvre pas les négociations avant, ça va s’embraser et ça va péter. Il risque d’y avoir le feu ici, prévient le syndicaliste Rivo Rakotondravelo.