Prières de rue à Clichy : où est passée la laïcité ?

A Clichy-la-Garenne, suite à la reprise d’un local municipal qui servait de mosquée, des fidèles musulmans se rassemblent pour prier dans … la rue.

Le mairie qui souhaite utiliser ce lieu pour construire une médiathèque, avait proposé une autre salle mais elle ne leur convient pas.

Depuis 8 mois, tous les vendredis, les prières ont donc lieu dehors, en pleine ville. Le lieu accueillait jusqu’ici entre 3 000 et 5 000 fidèles d’après les responsables.

Ce 16 novembre, Pierre Soubelet, préfet des Hauts-de-Seine, s’est engagé à mettre fin à ces pratiques qui constituent un trouble manifeste à l’ordre public. Vendredi 10 novembre une centaine d’élus excédés avaient déjà protesté en écharpe tricolore contre les prières musulmanes dans l’espace commun…

Un sentiment de haine et de crainte

3 jours après, l’Union des associations musulmanes de Clichy-la-Garenne (UAMC) ripostait par une plainte pour participation à un groupement formé en vue de la préparation d’actes de violences et manifestation illicite. Selon Arié Alimi, leur avocat, l’UAMC a également décidé d’attaquer le maire de Clichy-la-Garenne, Rémi Muzeau (LR), pour diffamation et incitation à la haine raciale : Il y a eu des prêches en arabe, des prêches avec des appels au meurtre, avait déclaré Rémi Muzeau sur LCI. Il y a  aussi des tracts avec des phrases terribles comme Si vous rencontrez un juif, tuez-le !, J’ai les documents avait-il encore assuré. Par ces propos, Rémi Muzeau a éveillé un sentiment de haine et de crainte envers la communauté musulmane, rapporte la plainte.

La manifestation des élus contre les prières de rue est une manipulation de la droite et de l’extrême droite visant à stigmatiser les musulmans, a pour sa part estimé l’avocat de l’UAMC.

Les manifestants ont commis des actes de violence à l’encontre des personnes de confession musulmane, avec pour unique raison leur appartenance vraie ou supposée à cette religion, est-il écrit dans la plainte contre X déposée auprès du parquet de Nanterre.

La question de la place de la religion dans l’espace public

Après la manifestation des élus, j’ai estimé qu’il y avait un risque accru, a-t-il déclaré le  préfet à l’issue d’une réunion de concertation entre la mairie et des associations musulmanes. Le préfet a invité les fidèles à aller dans la salle des Trois-Pavillons. Jusqu’à présent, elle était considérée comme trop petite et pas aux normes de sécurité selon l’UMAC qui organise ces offices en plein air. Pour leur part, les associations musulmanes se sont engagées à ne pas prier dans la rue ce vendredi 17 novembre.

Nous allons vérifier que la surface permet d’accueillir les musulmans qui prient dans la rue, a déclaré le préfet qui affirme l’UAMC est d’accord pour l’utiliser, même si elle n’est pas forcément optimale pour eux… Il n’y a pas d’autres solutions, a insisté Rémi Muzeau, maire (LR). Je n’ai plus de prières de rue dans ma ville et qui va pouvoir retrouver sa sérénité, s’est félicité l’édile.