Nice : le succès de la Table solidaire fait grincer les dents des restaurateurs

A l’initiative du père Gil Fiorini et de l'association Forum Jorge François, un restaurant solidaire a ouvert ses portes en décembre 2014, sous l'église Saint Pierre d'Arène à Nice. Le menu complet est à 11€.

Je sais qu'en venant manger ici, je participe à une bonne action. Cela permet d'offrir un repas à quelqu'un qui ne peut pas payer, assure une dame.

En effet, grâce aux recettes, l'établissement offre des repas aux sans-abris. Sur chaque menu payé, 2€ sont consacrés à financer la part des personnes démunies, qui déjeunent anonymement au milieu des autres clients. Pour que les gens se mélangent au niveau du travail, du service et de la table, explique le curé. En cuisine, un ancien chef d'un hôtel 4 étoiles élabore le menu, composant entre fournisseurs et dons de la grande distribution. Sous ses ordres, 8 commis en formation professionnelle.

Au total,  le restaurant emploie 10 personnes en réinsertion. Des bénévoles assurent le service. Une centaine de couverts sont servis chaque jour. Evidemment, ce franc succès n’est pas du goût de tout le monde… et n’a pas tardé à susciter inquiétude, voire franche colère parmi des professionnels du quartier Gambetta. Ils ont fait circuler une pétition pour dénoncer une concurrence déloyale : Ils nous tuent à petit feu,  fustige le patron d’une brasserie, en ébullition : On ne peut pas s'aligner sur ces prix. Ils ont des bénévoles, ne paient pas de loyer… Moi je débourse 2 000 euros par mois pour mon commerce ! En plus, ils accueillent tout le monde, pas seulement les démunis… Une restauratrice impute à la table solidaire la cause de la fermeture de son établissement, fin janvier. Je suis passée de 20 à 4 couverts par jour, depuis que le restaurant a ouvert sous l'église, déclare-t-elle.

Ils sont une dizaine à s’être plaint auprès de Hubert Boivin, président de l'Union patronale des cafetiers restaurateurs : Nous demandons au maire et au président du conseil général de faire en sorte que ce restaurant n'accepte que des personnes démunies,  préenregistrées au centre communal d'action sociale, réclame-t-il dans une lettre adressée à la mairie, propriétaire du local et également au préfet des Alpes Maritimes.

Sur les réseaux sociaux, ces restaurateurs se déchainent leur rage, accusant le père Florini de business sous alibi caritatif…

Je nourris qui je veux, quand je veux, tant que c'est légal, répond, plutôt serein, Gil Fiorini dans Nice Matin. Ça me désole, mais ça ne m'empêche pas de dormir, commente le prêtre. Que veulent-ils ? Que l’église se contente de dire la messe ? Depuis plus de 2 000 ans, elle aide les nécessiteux, le but n'est pas de concurrencer les restaurateurs ! Ceux qui se plaignent sont des médiocres. La cause avancée de la baisse d’activité la restauratrice qui a fermé un mois après notre ouverture n’est pas crédible. On ne faisait alors que 20 couverts par jour, argumente-t-il. Quand ils viennent, même à 20 h, moi je leur donne à manger ! Bien sur, le but est que le repas ne soit pas cher ! Mais l’important est que sur chaque menu payé 11€, 2 € sont utilisés pour financer celui de quelqu’un qui ne peut pas payer. À l'évêché, on insiste, prudemment, sur la dimension socio-culturelle…

Tout est transparent et contrôlé, c'est un vrai projet solidaire, soutenu par le diocèse. On a d'ailleurs de très bons échos des paroissiens, a déclaré Didier Torrès, délégué épiscopal à l'immobilier.

Ces restaurateurs râleurs seraient-ils à ce point mauvais pour ne pas retenir leur clientèle par leur accueil, la qualité de leur cuisine… ?  Les a-t-on entendus fustiger contre les Restos du Cœur ? interroge Alain-Christian Drouhin de Nice Provence Info

Partage & solidarité en cuisine avec l'Association Forum Jorge François

FORUM JORGE FRANCOIS

9 rue Cronstadt

06000 - NICE

Tél. : 04 93 04 34 60