Soudan : 5 manifestants tués dont 4 lycéens

A la veille de la reprise des négociations entre pouvoir militaire et chefs de la contestation 5 manifestants, dont 4 lycéens, ont été tués par balles ce 29 juillet à d'El-Obeid, capitale de l'État du Kordofan du Nord.

Un résident a déclaré au téléphone à l’AFP que ce rassemblement avait été organisé pour protester contre une pénurie de pain et de carburant. Les écoliers ont été affectés, en l'absence de transports pour les conduire à l'école, a-t-il expliqué. Ils ont voulu manifester et quand leur marche a atteint le centre-ville, il y a eu des coups de feu

Nous appelons tous les citoyens et les médecins et les secouristes à se rendre aux urgences à l'hôpital et d'autres hôpitaux qui reçoivent les blessés atteints de balles réelles, avait alerté la SPA sur Facebook.

5 martyrs sont tombés sous les tirs de snipers lors d'un rassemblement pacifique, a indiqué un comité de médecins proche du mouvement recensant également de nombreux blessés.

Après le drame, un communiqué du bureau du gouverneur du Kordofan du Nord a annoncé l’instauration d’un couvre-feu imposé dans 4 villes dont El-Obeid, de 21 h à 6 h, pour une période indéterminée.

Notre peuple doit descendre dans la rue pour dénoncer le massacre et exiger que les coupables soient traduits en justice, a appelé l’Association des professionnels soudanais (SPA).

Nous ne pouvons pas nous assoir à la table des négociations avec ceux qui permettent de tuer des révolutionnaires, a renchérit Siddig Youssef, un autre leader de la contestation qui réclame de suspendre les discussions politiques avec le pouvoir.

Le Conseil militaire et les chefs de la contestation devaient reprendre les négociations sur certains points litigieux après la conclusion d'un accord de partage du pouvoir le 17 juillet. Il prévoit un Conseil souverain composé de 5 militaires et 6 civils, chargé de mener la transition pendant 3 ans. Un comité technique représentant les 2 parties est chargé des discussions préliminaires.

Plusieurs manifestations ont également eu lieu à Khartoum pour dénoncer les conclusions d'une enquête officielle sur la répression meurtrière du sit-in de manifestants du 3 juin qui avait fait 127 morts, selon le comité de médecins. L’opposition fustige un bilan minimisé des victimes et exige la reconnaissance de la responsabilité du Conseil militaire.

Le rapport établit l'implication de 8 paramilitaires, dont 3 au moins sont membres des Forces de soutien rapide (RSF), dirigées par Mohammed Hamdan Daglo, le numéro 2 du Conseil militaire. Il a affirmé n'avoir pas donné les ordres pour la dispersion…

Depuis décembre, la répression de la contestation a tué 246 personnes.

Le Soudan est un pays à l'économie exsangue. Les manifestations, déclenchées en décembre 2018 après le triplement du prix du pain, se sont transformées en contestation politique qui a poussé l'armée à destituer et arrêter le 11 avril le président Omar el-Béchir,  après 30 ans de pouvoir. Le chef de l'État à été mis à l'écart du chef et un Conseil militaire a été instauré pour réclamer un pouvoir civil et de meilleures conditions de vie.