Grèce : Des incendies ont fait plus de 80 morts à l’est d’Athènes

À Mati, où 49 % des maisons ont été déclarées inhabitables, les rescapés continuaient de tenter de sauver ce qui pouvait encore l'être, soutenus par un vaste élan de solidarité, humain et matériel.

Des associations trouvent des hébergements dans les villes voisines. Les volontaires s'affairaient dans un gymnase de Rafina, la localité voisine, au milieu de montagnes de vêtements, nourriture, couches pour bébés.

Pendant que les bénévoles affluent pour venir en aide aux rescapés, l'identification des victimes se poursuit. En raison de nombreux corps retrouvés calcinés, les médecins légistes sont contraints d’utiliser l'ADN des proches supposés en procédant par comparaison.

Les autorités grecques s'orientent vers la piste criminelle, désormais privilégiée. La justice a été saisie Pour le feu qui a commencé au mont Pendeli et s'est propagé à Mati, où se trouvaient la grande majorité des 87 morts, je ne vous cache pas qu'un élément sérieux nous a conduit à ouvrir une enquête, a déclaré Nikos Toskas, ministre adjoint à la Protection du citoyen lors d'une conférence de presse avec le porte-parole de Dimitris Tzanakopoulos ainsi que les chefs des pompiers et de la police.

En ce qui concerne l’incendie de Kineta,  à l'ouest d'Athènes, qui s'est déclaré quelques heures avant sans faire de victimes, le ministre a indiqué qu'il existait aussi de sérieux indices suggérant un incendie volontaire. Le gouvernement a transmis tous ces éléments à la justice chargée de l'enquête préliminaire ouverte par la Cour suprême.

Mais l’opposition qui accuse le gouvernement de ne pas avoir rempli ses devoirs, estime qu’évoquer la piste criminelle revient à se dédouaner : Ce spectacle déplorable de rejet de toute responsabilité ne peut provoquer que de la colère, a déclaré Nouvelle-Démocratie (droite). Tout en se gardant de critiquer frontalement le gouvernement pendant la période de deuil national de 3 jours, le leader Kyriakos Mitsotakis s'est rendu 2 fois sur les lieux du drame pour exprimer sa solidarité aux familles des victimes. Incapables et provocateurs, titrait la une de Ta Néa, un quotidien du même bord, en affichant une photo du gouvernement. Pas une seule démission !, s'est aussi indigné Stavros Théodorakis, un leader centriste.

Dans les médias, les divers services impliqués se renvoyaient la balle : Beaucoup de victimes sont mortes en tentant de rallier la mer, à l'accès parfois barré par des falaises, par des rues larges d'à peine 3 ou 4 mètres a rapporté Evangelos Bournous, le maire de Rafina dont dépend Mati, localité de la plus touchée La police et les pompiers ont contribué à piéger les habitants en fermant la route principale longeant le secteur, a-t-il jugé. Alors que les forces de l’ordre et les soldats du feu venaient justement d’affirmer ne pas avoir bloqué cette issueNous sommes tous responsables, gouvernements, services et citoyens, a cependant reconnu le maire précisant que sa maison familiale qui a brûlé, avait, comme 4 000 autres à Mati, été construite illégalement au milieu de la pinède, il y a plusieurs décennies…

La construction immobilière sauvage mise en cause

Plus ou moins légalisée a posteriori, le non-respect généralisé des normes d'aménagement du territoire, pour cause d'indiscipline citoyenne et de complaisance officielle, est une pratique récurrente en Grèce. Elle est fustigée après chaque catastrophe…  La question désormais est de savoir ce qui peut être fait pour éviter une nouvelle tragédie, soulignait le quotidien libéral Kathimerini, dans son éditorial. Il est temps qu'ils comprennent que c'est dangereux pour eux et leurs familles de ne pas suivre les règles et les lois, a clamé Panos Kammenos, ministre de la Défense, au micro de la BBC. En rejetant ainsi la faute sur les propriétaires le ministre a choqué beaucoup de Grecs, déjà très éprouvés…