Russie : Poutine réélu pour 6 ans. Star et Tsar…
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- Catégorie : Actualité internationale
- Publié le Mardi, 20 Mars 2018 10:35
Excepté une interruption de 4 ans comme Premier ministre car la constitution empêchait alors un 3e mandat consécutif, Vladimir Poutine est au pouvoir depuis plus de 18 ans.
Il a été réélu triomphalement à la tête de la Russie ce 18 mars.
La victoire était assurée mais son ampleur dépasse 76 % des suffrages.
Le meilleur score obtenu par le président russe, qui se présentait pour la 4e fois devant les électeurs… sans avoir essayer de les convaincre : aucune promesse, pas de meetings ni de bains de foule. Pas de débat télévisé ni d’affrontement avec les 7 autres candidats, non plus.
L'ambition d'une grande Russie, puissante…
Né le 7 octobre 1952 dans une famille ouvrière de la banlieue de Leningrad, devenue Saint-Pétersbourg , Vladimir Poutine affiche, à 65 ans, la plus forte longévité pour un dirigeant russe ou soviétique depuis Staline. Vladimir Fédorovski écrivain et ancien diplomate russe retrace dans son livre, Poutine l’itinéraire secret (Éd. du Rocher), le parcours spectaculaire du James Bond version KGB à l’homme politique élu personnage le plus puissant de la planète par Forbes.
Diplômé de droit, le jeune Vladimir Poutine intègre le KGB comme agent du renseignement extérieur. Il est envoyé en mission de 1985 à 1990 à Dresde, Allemagne de l'Est. Après le démembrement de l'URSS, il devient conseiller auprès du nouveau maire libéral de Saint-Pétersbourg.
Puis, il est repéré par le clan Eltsine, qui le juge influençable, pas très visionnaire, et sans stratégie… Soit le parfait profil pour un dauphin obéissant… Et en août 1999, Boris Eltsine alors responsable des services secrets russes chargés de la sécurité intérieure, le nomme Premier ministre.
Défier l’Occident
Le 1er octobre, Vladimir Poutine promet de buter les terroristes jusque dans les chiottes.
Cette phrase, appartenant au langage des criminels, va choquer mais lui assurer une hausse de popularité de 30 %… et signer l’image d'un homme fort pour un pays traumatisé par les d'attentats imputés aux indépendantistes tchétchènes. Vladimir Poutine leur envoie les troupes fédérales. Le conflit est sanglant, marqué le bombardement aveugle de Grozny ainsi que les exactions de l’armée russe.
Vladimir Poutine n’a jamais planifié de devenir président, assure Mikhail Zygar, auteur des Hommes du Kremlin (Éd. du Cherche-Midi), au JDD. Miné par l'alcool et la maladie, Boris Eltsine, démissionne. Vladimir Poutine lui succède en remportant facilement les présidentielles de mars 2000. Il appuie son pouvoir sur les services secrets, la police, l’armée et sur ses proches de Saint-Pétersbourg. Le Kremlin met aussi le petit écran au service du président : c’est la fin de la liberté de ton des années 1990. Après les mouvements de contestation de 2011 et 2012, les libertés publiques sont plus que sévèrement encadrées…
Avec l’annexion de la Crimée en 2014, Vladimir Poutine apparaît en restaurateur de la grande Russie, ce qui accroit encore sa réputation de héros national*.
Les 4 ans de ce rattachement ont d’ailleurs été célébrés ce 18 mars, jour du nouveau triomphe électoral pour le chef de l’État russe…
Le soutien indéfectible qu'apporte Moscou au régime de Bachar al-Assad en Syrie et sa volonté de privilégier le processus de paix d'Astana plutôt que celui de l'ONU, vont encore aggraver les tensions. Mais, si la Russie est isolée, le conflit syrien a permis de à Vladimir Poutine d’être reconnu comme leader international.
Personne ne voulait nous parler, personne ne voulait nous écouter, a t-il lancé. Écoutez-nous maintenant !
Mais, à l’Ouest, l'exclusion de la Russie des JO-2018 en raison du dopage de ses athlètes, l’ingérence russe dans la présidentielle américaine, l’affaire Skripal, ex-agent empoisonné avec sa fille en Angleterre restent dans les esprits…
*Même s’il avait déclencher ainsi la pire crise depuis la fin de la Guerre froid, avec les Occidentaux qui l’ont accusé de soutenir militairement la rébellion séparatiste dans l'est de l'Ukraine. Bien sûr, le Kremlin avait démenti…