Bruxelles : 414 milliards pour la force régionale militaire G5 Sahel

Le G5 Sahel est une force militaire conjointe mise en place par 5 pays africains afin de lutter plus efficacement contre les groupes djihadistes dans la région qui sévissent dans cette région.

Depuis 5 ans, le désert du Sahel est l’un des points explosifs de la planète : avant-poste du terrorisme et lieu de tous les trafics.

Autour des dirigeants du Mali, de la Mauritanie, du Tchad, du Niger et du Burkina Faso, une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement sont réunis ce 23 février à Bruxelles pour une conférence des donateurs au siège de la Commission européenne. En plus des États de l'UE et les Nations unies, une douzaine de pays, dont l'Arabie saoudite, le Maroc et la Tunisie, seront représentés par leurs ministres des Affaires étrangères. Il s'agit d'apporter un soutien politique et de trouver les financements nécessaires au fonctionnement du G5, cette unité régionale de défense.

L'Arabie saoudite a promis 100 millions d'€ et les États-Unis 60 millions de $. L'Union européenne a annoncé sa décision de doubler sa contribution : de 50 à 100 millions d'€ et prévoit également de livrer davantage de gilets pare-balles, de matériel de lutte contre les engins explosifs artisanaux, et de camions. Un hôpital doit être construit au Mali.

La force du G5 a notamment besoin de fonds pour atteindre l’objectif de 5 000 soldats bien entraînés et équipés. Son rôle vise à reconquérir et à sécuriser les zones de non-droit où les groupes extrémistes mènent leurs exactions avant de s'évanouir dans l'immensité du désert sahélien, un territoire aussi vaste que l'Europe.

La force du G5 Sahel opère aux côtés et des 12 000 hommes de la Minusma* et des 4 000 soldats de la force française Barkhane. Destinée à devenir pleinement opérationnelle à la mi-2018, elle s'est dotée d'une structure de commandement, et a établi son quartier général à Sévaré au Mali. Avec l'appui de la France, elle a mené 2 opérations, dans la zone frontière entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Ce 21 février, 2 soldats français ont été tués dans le nord-est du Mali. Ce qui montre les défis auxquels sont confrontés ces 5 pays africains, parmi les plus pauvres du monde. Ils sont en première ligne d'une guerre contre les groupes islamistes et les trafiquants d'armes, de drogue et d'êtres humains.

Financer le partenariat UE-Afrique

La prise de conscience de l'importance du Sahel pour la stabilité de l'Afrique et aussi de l'Europe est collective, selon l'entourage du président français.

L’environnement est si instable et si peu sécurisé que le développement ne peut pas s'installer, estiment  des responsables européens. Il est important de soutenir l'action des dirigeants de ces pays et de combattre les sources du terrorisme. C'est dans notre intérêt commun, a insisté l'un d'eux. Le partenariat avec l'Afrique sera l'une des politiques importantes à financer par le prochain budget européen pour la période 2021-2027.

Près de 8 milliards d'€ ont ainsi été budgétisés par l'UE pour la période 2014-2020. Selon une source diplomatique auprès de France 24, la France prévoit un financement bilatéral d'1,2 milliard d'€ sur les 5 ans prochains pour des projets de développement.


* Minusma = Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali

Le G5 Sahel en 6 dates

Bamako, 6 février 2017 : La décision

Les pays membres du G5 Sahel décident de réactiver le projet de création de cette force conjointe, déjà évoqué en 2015. La décision est prise dans un contexte de dégradation de la situation dans le centre du Mali, limitrophe du Burkina Faso et du Niger, atteints à leur tour par les violences djihadistes. L’initiative reçoit le soutien de l'Union africaine (UA) et de l'Union européenne (UE).

Juin 2017 : première résolution adoptée à l’ONU

La France présente au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution autorisant le déploiement d'une force militaire africaine chargée de combattre les djihadistes et les trafiquants de drogue dans le Sahel. Après de 15 jours de pourparlers et de réticences américaines, un texte est finalement adopté à l'unanimité mais a minima : si le soutien est politique, le financement reste toujours en question.

Bamako, 2 juillet 2017 : La force antidjihadiste** commune d’Emmanuel Macron

Un rendez-vous qui marque le coup d’envoi de la création de cette force militaire conjointe, en présence des chefs des États impliqués.

18 septembre 2017, à l’ONU : La question du financement

Plus de deux mois après son lancement officiel, le G5 Sahel s’invite de nouveau à l’ONU. Les présidents du Mali, du Niger, du Burkina Faso, du Tchad et de la Mauritanie se retrouvent avec Emmanuel Macron, en marge de l'assemblée générale des Nations Unies. L’enjeu principal est de trouver des financements, qui manquent encore cruellement. À ce jour, Le financement est estimé à 250 millions d'€ pour ses débuts et à 400 millions d’€ pour le plein exercice au printemps 2018.

Fin octobre 2017 : Les premières opérations menées

Soutenue sur le terrain par la France, le G5 Sahel lance ses premières opérations aux frontières du Mali, du Burkina Faso et du Niger. La zone instable est devenue un foyer extrémiste. Selon le président français, le succès de cette force est une obligation collective dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

8 décembre 2017 : L’appui de la Minusma

Le Conseil de sécurité adopte à l'unanimité une résolution autorisant les Casques bleus de la force de l'ONU déployés au Mali à apporter un soutien logistique et opérationnel au G5 Sahel. Le soutien de la Minusma interviendra dans l'évacuation médicale, le ravitaillement en carburant, en eau et en rations alimentaires. Les Casques bleus pourront aussi mettre à disposition leurs unités d'ingénierie lors de l'établissement des camps de base des unités antijihadistes.