Grande-Bretagne : abus sexuels commis par des membres d’Oxfam à Haïti et au Tchad

Selon une enquête du Times publiée ce 9 février, des groupes de jeunes prostituées étaient conviées dans des maisons ou des hôtels payés par Oxfam en Haïti. Une source témoigne avoir vu une vidéo d'une orgie avec des prostituées portant des T-shirts d'Oxfam.

Penny Lawrence, directrice générale adjointe d‘Oxfam, confédération d'organisations humanitaires basée en Grande-Bretagne, a du démissionné. Elle a exprimé sa tristesse et sa honte, après l'annonce d’abus sexuels potentiels et le recours à des prostituées par certains agents de l'ONG en mission à Haïti et au Tchad.

Dans son numéro du 12 février, le Times estimait qu’Oxfam avait ignoré les mises en garde, et nommé Roland van Hauwermeiren, son directeur pays en Haïti, malgré des inquiétudes sur son comportement envers les femmes pendant qu'il travaillait au Tchad. Oxfam n'avait pas informé non plus lorsque ces employés avaient été embauchés pour travailler pour d'autres ONG auprès de personnes vulnérables, comme… Roland van Hauwermeiren, devenu chef de mission pour Action contre la faim au Bangladesh de 2012 à 2014.

Oxfam a assuré avoir lancé immédiatement une enquête interne en 2011 : 4 employés avaient été licenciés et 3 autres ont démissionné, a informé l'ONG, dont Roland van Hauwermeiren…

Ces comportements inappropriés du directeur officiant au Tchad et de son équipe ont été signalés avant qu'il ne se rende en Haïti, a indiqué Penny Lawrence, dans un communiqué. Nous n'y avons pas répondu de manière adéquate, a-t-elle reconnu.

Caroline Thomson, la nouvelle présidente du conseil d'administration d'Oxfam, a présenté ses excuses et annoncé des mesures visant à renforcer la prévention et le traitement des affaires d'abus sexuels. Nous continuerons de nous attaquer aux problèmes culturels sous-jacents qui ont permis ce comportement, a-t-elle assuré.

Selon la Commission caritative qui contrôle les organisations humanitaires au Royaume-Uni, Oxfam n'avait, à l'époque, pas rapporté de potentiels abus ou offenses sexuelles commises par ses équipes. Notre approche aurait été différente si tous les détails mentionnés par la presse nous avaient été communiqués à ce moment-là, se justifie la Commission, qui a demandé à Oxfam de fournir des informations supplémentaires de toute urgence. Penny Mordaunt, secrétaire d'État au Développement international, a rencontré les responsables d’Oxfam et a menacé de leur couper les vivres si toutes les informations relatives à cette affaire n’étaient pas transmises…

Oxfam a reçu 31,7 millions de livres (35,7 millions d'€) de subventions du en 2016/2017, soit près de 8 % de ses ressources annuelles. Le gouvernement britannique a aussitôt annoncé la création d'une unité de contrôle des ONG, visant à superviser leur fonctionnement afin de s'assurer que tout est fait pour protéger le public contre toute exploitation ou abus sexuel…

La mise en place d'un registre mondial des travailleurs du secteur du développement est également à l'étude pour éviter que des prédateurs puissent être réembauchés par des ONG et sévir de nouveau, a précisé Penny Mordaunt.

En 2017, le secrétaire général de l'ONU a déclaré au moins 120 cas impliquant plus de 300 personnes, a rapporté Priti Patel, ancienne secrétaire d'État au Développement international sur BBC radio 5. Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg… a-t-elle insisté.