JO en Corée : un rapprochement Sud-Nord ?
- Détails
- Catégorie : Actualité internationale
- Publié le Mardi, 13 Février 2018 17:43
Ce 10 février, à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver de
Pyeongchang, Kim Jong leader de la Corée du Nord a convié le président
sud-coréen Moon Jae-in à se rendre prochainement à Pyongyang, pour participer à
un sommet consacré au dégel des
relations…
Une invitation rare pour montrer une volonté de détente après 2 ans de tensions extrêmes entre les 2 Corée. C’est le 3e sommet intercoréen organisé depuis 2000 où le 15 juin 2000, un sommet historique était organisé: le président sud-coréen est reçu à Pyongyang par Kim Jong-il, le leader du Nord.
Après la Seconde Guerre mondiale, le Nord a mis en place un gouvernement communiste et le Sud est soutenu par les États-Unis. Les tensions entre le bloc communiste et le bloc occidental aboutissent à la guerre de Corée, en 1950, avec l’invasion du Sud par le Nord.
Il a fallu attendre près de 20 ans après la fin de la guerre de Corée (1950-1953) pour que Pyongyang et Séoul se retrouvent. Le 4 juillet 1972, le Nord et le Sud posent les fondements d’une volonté de réunification. Depuis la Guerre froide, la diplomatie entre le Nord et le Sud oscille entre périodes de crises et de rapprochement…
A la fin des années 1990, les relations se sont améliorées lors de l’arrivée au pouvoir, à Séoul, de Kim Dae-jung, partisan de l'ouverture avec le Nord. En 1998, il lancera la Politique du rayon de soleil, qui lui vaudra un prix Nobel de la paix. D’un point de vue économique et culturel, c’est le début d’une coopération. Une voie ferrée est créée entre les pays, à 10 km de de la frontière nord-coréenne, la zone industrielle de Kaesong où sont implantées des usines du Sud, emploient des ouvriers du Nord et la visite mont Kumgang, au Nord, est autorisé aux touristes du Sud. Symboles apaisants, des bureaux de liaison sont ouverts dans le village frontalier de Panmunjom, où des centaines de familles séparées sont autorisées à se rencontrer. Entre 2000 et 2007, 16 rencontres sont ainsi organisées entre les familles, environ 2 à 3 fois/an.
Nord et Sud défilaient ensemble aux Jeux d’été de Sydney (2000), Athènes (2004) et Turin (2006). Cela représentaient l’espoir d’une paix durable, voire de la réunification…
Le retour des tensions
Mais en 2006, Pyongyang réalise son premier essai nucléaire. La provocation est mal perçue par Séoul qui réagit par l’élection Lee Myung-bak, un président conservateur. Il conditionne toute aide au Nord à des pavancées dans le désarmement nucléaire… Volonté politique, rejetée bien évidemment par Pyongyang et qui signe la fin de 10 ans de conciliation. En mars, le Nord expulse des cadres de la zone économique mixte, en juillet, les gardes du mont Kumgang abattent une touriste prétextant l’avoir prise pour une espionne ! En janvier 2009, Pyongyang annonce mettre fin à tous les accords avec la Corée du Sud, dont un pacte de non-agression. En 2010, c’est le naufrage d'une corvette sud-coréenne, torpillée par un sous-marin nord-coréen, puis le bombardement de l'île de Yeonpyeong. Le Sud décrète des sanctions, limitant les seuls échanges à la zone industrielle de Kaesong, fermée en2016, après de nouveaux essais nucléaires.
Pour les 2 Corée, les JO sont moins un déclencheur qu’une occasion de mettre en scène leur rapprochement… En 2014, la Corée du Nord avait envoyé déjà ses athlètes près de Séoul, malgré de très forte tension en 2013.
Cependant, les progressistes ont fait leur retour à Séoul en 2017. Moon Jae-in, le nouveau président, avait déclaré vouloir visiter Pyongyang et rouvrir la zone industrielle de Kaesong. Il avait également affirmé son opposition quant au déploiement du bouclier antimissile américain. Moon Jae-in reste néanmoins sur ses gardes face à Pyongyang : Kim Jong-un multiplie les signes de conciliation à l'égard du Sud mais poursuit son programme nucléaire et multiplie les invectives à l'encontre de Washington.
