Zimbabwe : l’armée contrôle la capitale. Mugabe refuse de démissionner…

Depuis ce 15 novembre, l'armée a pris le contrôle de Harare, la capitale du Zimbabwe en déployant soldats et blindés autour de plusieurs points stratégiques.

Ce coup de force est  intervenu quelques jours après l'éviction du vice-président. Vétéran de la lutte pour l'indépendance et proche des militaires, Emmerson Mnangagwa, 75 ans, préssenti comme successeur potentiel. Il s'était vivement opposé à ce sujet à Grace Mugabe, la Première dame.

Le général Sibusiyo Moyo, un porte-parole des militaires, a d’ailleurs expliqué que l'opération avait pour cibles les criminels qui entourent le président, désignant sans les citer les partisans de son épouse.

Malgré son âge et une santé de plus en plus fragile, Robert Mugabe, 93 ans, avait annoncé son intention de prétendre à un énième mandat lors de l'élection présidentielle prévue 2018. Président au pouvoir depuis 37 ans, il a refusé de démissionner.

Le chef de l'État s'est entretenu avec le général Constantino Chiwenga, ce 16 novembre, au siège de la présidence, en présence de 2 ministres sud-africains envoyés par le président Zuma. Le contenu des échanges n'a pas été révélé… Robert Mugabe essaie de gagner du temps, estime une source proche des militaires souhaitant rester anonyme.

Selon Knox Chitiyo, du centre de réflexion britannique Chatham House,  les militaires sont déterminés à ce que Mugabe signe sa démission au plus vite. Ils veulent un président de transition, qui serait probablement Mnangagwa, estime l’analyste.

Depuis le début des années 2000, le Zimbabwe est enlisé dans une grave crise économique et financière qui augmente la colère de la population. 

En  réaction, des voix de l'opposition sont sorties du silence pour exiger son départ ainsi qu’une transition vers des élections libres.

Dans l'intérêt du peuple zimbabwéen, Robert Mugabe doit démissionner, a déclaré Morgan Tsvangirai, le chef du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), principal parti de l'opposition. En tant que citoyens, nous ne pouvons rester les bras croisés, a affirmé le pasteur Evan Mawarire. Figure de proue de la fronde de 2016, il s'est déclaré prêt à discuter avec l'armée.

Il ne fait aucun doute qu'il nous faut un accord de transition qui doit traiter de la reprise économique et de la réforme électorale, a appuyé Joice Mujuru, ex-vice-présidente en 2014, également écartée sur ordre de Grace Mugabe.