Bucarest : plus de 200 000 manifestants contre la corruption du gouvernement
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- Catégorie : Actualité internationale
- Publié le Jeudi, 02 Février 2017 12:35
Aux cris de voleurs, honte à vous, démission… plusieurs centaines de milliers de Roumains sont descendus dans les rues de Bucarest, de Cluj, Sibiu ou Timisoara, durant 5 h dans un froid glacial.
Les manifestants ont fait le siège du gouvernement pour dénoncer un décret assouplissant la législation qui entend dépénalise certains délits d'abus de pouvoir ou de corruption.
Un décret d'urgence du nouveau gouvernement social-démocrate de Sorin Grindeanu, Premier ministre a été adopté ce mardi soir. Il pourrait mettre les hommes politiques à l'abri de certaines poursuites.
Le texte dépénalise plusieurs infractions et rend l'abus de pouvoir, un chef d'inculpation fréquent, passible de
peines de prison uniquement en cas de préjudice supérieur à 44 000 €.
Il devrait ainsi permettre à Liviu Dragnea, chef du Parti social-démocrate d'échapper à la mise en cause dans un procès d'emplois fictifs. De plus, Il convoitait le poste de Premier ministre mais a dû renoncer en raison d'une condamnation pour fraude électorale…
Je suis indignée. Le PSD a gagné les élections, mais ça ne veut pas dire qu'il peut modifier le Code pénal de nuit, en cachette", a déclaré une manifestante de Gabriela 46 ans.
Nombreux sont ceux dénoncent un retour en arrière.
Le gouvernement a soumis au Parlement un projet de grâce visant 2 500 détenus purgeant des peines jusqu'à 5 ans de prison, qui pourrait aussi bénéficier à des hommes politiques condamnés…
Lançant une quantité d’investigations, le parquet anticorruption a obtenu ces dernières années la condamnation de nombreux élus et hommes d'affaires, et s'attirant des critiques sur son pouvoir excessif. Les rangs du PSD, au centre de la vie politique depuis la fin du communisme, ont été particulièrement touchés par ces enquêtes.
Il s'agit évidemment d'un conflit constitutionnel et juridique entre le gouvernement, l'appareil judiciaire et le parlement, a fustigé, Klaus Iohannis, le président roumain qui a saisi jeudi la Cour constitutionnelle avant de prier le gouvernement de renoncer.
Le Conseil supérieur de la magistrature de Roumanie a aussi déposé un recours auprès de la Cour constitutionnelle.
Dans la capitale, les forces de l'ordre ont essuyé des jets de pétard, de pierre, de bouteille de la part de groupes isolés et ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène. 2 gendarmes et 2 manifestants, légèrement blessés, ont été transportés à l'hôpital.
Le pays n’avaient n'avait plus connu de mobilisation aussi importante depuis la la chute du régime de totalitaire Ceausescu. Faute de chiffres officiels, plusieurs médias nationaux ont estimé qu'après des rassemblements au cours du week-end, le nombre de protestataires approcherait des 300 000…
Je mets fin à mon activité gouvernementale car c'est ce que ma conscience me dicte, a déclaré Florin Jianu ministre roumain des Milieux d'affaires, du Commerce et de l'Entrepreneuriat Florin Jianu pour annoncer sa démission au lendemain de la mobilisation massive. Peut-être que cet exemple leur sera utile, a-t-il ajouté, à l'adresse des membres du gouvernement à l’initiative décret.
Dans une déclaration commune, les ambassades des États-Unis, du Canada, d'Allemagne, de France, des Pays-Bas et de Belgique ont exprimé leur profonde inquiétude et affirmer regretter le recul de la lutte anticorruption. La Commission européenne a également fait part de sa grande préoccupation envers la Roumanie… A quoi le Premier ministre a répondu que la lutte contre la corruption était (justement…) l'une des priorités du gouvernement !