Turquie : explosion d’un véhicule piégé à Diyarbakir. 1 mort et 30 blessés
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- Catégorie : Actualité internationale
- Publié le Vendredi, 04 Novembre 2016 10:23
Une puissante explosion s'est produite ce matin du 4 novembre à Diyarbakir, ville à majorité kurde au sud-est de la Turquie. Au moins une personne a été tuée et 30 autres blessées.
Les faits se sont produits à Diyarbakir près du commissariat où sont gardés à vue plusieurs élus du HDP : Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, les dirigeants et 11 députés du HDP, dont Idris Baluken, président du groupe parlementaire HDP, et Sirri Süreyya Önder, égérie de la cause kurde.
Le Parti démocratique des peuples, principal parti pro-kurde de Turquie, compte 59 élus et représente la troisième force parlementaire du pays Il est farouchement opposé au président Erdogan. Selon leurs avocats, les autorités reprochent aux parlementaires d'avoir refusé de témoigner dans des dossiers liés à la propagande terroriste… Ils font l'objet de plusieurs enquêtes pour des liens présumés avec les rebelles kurdes.
Leur placement en garde à vue a été décidé après qu'ils aient refusé de répondre à des convocations judiciaires. Ceux qui veulent nous interroger devront nous emmener par la force. Nous n'irons pas de notre plein gré, avait alors défié Selahattin Demirtas.
Son charisme lui a valu le surnom d’Obama kurde. Grâce à lui, le HDP a élargi sa base électorale au-delà de communauté kurde* de Turquie et s'est transformé en un parti moderne ouvert aux femmes, à la fibre sociale et défenseur de toutes les minorités. Ordonnées par le parquet de Diyarbakir, ces arrestations représentent un coup de filet sans précédent contre le HDP qui ne manquera pas d'aggraver les tensions dans la région à majorité kurde.
Dimanche, le placement en détention des deux maires de Diyarbakir pour activités terroristes, avait immédiatement déclenché plusieurs manifestations de protestation. Le HDP appelle la communauté internationale à réagir contre ce coup du régime d'Erdogan, avait écrit le parti sur Twitter.
Ce matin, la détonation a été entendue par un journaliste de l'AFP, posté à environ 5 km de là ! Il a remarqué une épaisse colonne de fumée blanche et indiqué que des policiers avaient tiré des coups de feu en l'air pour disperser des habitants en colère qui criaientdes slogans antigouvernementaux.
Selon des images retransmises en direct par la chaîne d'information NTV, une perquisition était en cours vers 4h, au quartier général du HDP à Ankara. Le gouvernorat a assuré que la bombe se trouvait dans un véhicule piégé. Les autorités locales ont immédiatement imputé l'explosion aux séparatistes du PKK. Le groupe a revendiqué ces derniers mois plusieurs attentats contre la police à travers le pays. Il est classé comme terroriste par le pouvoir turc ainsi que Washington et Bruxelles.
Depuis l'été 2015, le sud-est du pays est éprouvé quotidiennement par des combats entre le PKK et les forces de sécurité. La rupture du cessez-le-feu a marqué la fin du processus de paix pour arrêter ce conflit qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984…
Après la tentative de coup d'État en juillet dernier, la Turquie est sous état d'urgence. Certaines ONG accusent les autorités turques de cibler médias critiques et opposants sous prétexte de lutte contre les putschistes… présumés. Le président Erdogan considère que le HDP est étroitement lié au PKK et a fait savoir qu'il ne considérait plus cette formation comme un interlocuteur légitime.
Après l'entrée du HDP au Parlement, en juin 2015, une première qui a contribué à priver le parti AKP de la majorité absolue, Recep Tayyip Erdogan a fait de Selahattin Demirtas sa bête noire, multipliant les attaques personnelles et les accusations de liens avec le PKK.
En ma dernieri, le Parlement turc avait voté la levée de l'immunité des députés, ce qui visait notamment les élus du HDP qui se défendent être le bras politique du PKK . Ils accusent le président turc de vouloir instaurer un régime dictatorial.
Environ *15 millions de personnes