Syrie : Alep sous un déluge de bombes. L’ONU oppose… des mots !

Depuis vendredi, la ville d’Alep* subit une escalade militaire de bombardements aériens par le régime syrien et son allié russe. Les bombes s’abattent sans discontinuer sur les quartiers orientaux contrôlés par les rebelles.

Un nouveau bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) déplore au moins 124 morts en 3 jours, dont 88 pour la seule journée de samedi et 25 depuis dimanche à l’aube. Parmi eux, de nombreux enfants et femmes ensevelis sous les ruines.

Pour tenter de stopper les raids, les diplomates des États-Unis, de France et du Royaume-Uni ont demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU qui s’est réunit ce 25 septembre.

Mais sur le terrain, les avions syriens et russes ont continué de pilonner, assurant ne viser que les insurgés mais détruisant des immeubles. Les habitants dénoncent des frappes aériennes plus intenses que jamais.

Toute la nuit, les bombardements n’ont pas cessé, a affirme un résident du quartier d’Al-Kallassé. Je n’ai pas pu fermer l’œil jusqu’à 4 h, insiste cet homme de 62 ans.

Le tollé de condamnation des représentants des États-Unis, de la France, et du Royaume-Uni s’est néanmoins manifesté à la tribune de l’ONU dans une surenchère verbale d’indignation unanime.

La pire crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale

Le régime de Bachar Al-Assad a manifestement fait le choix de l’escalade militaire, alors que chacun sait qu’il n’y aura pas d’autre solution au conflit en Syrie que politique. J’en appelle donc à ses soutiens, la Russie et l’Iran, à se ressaisir et à faire preuve de responsabilité en mettant un coup d’arrêt à cette stratégie qui conduit à l’impasse. Sinon ces nations seront complices de crimes de guerre, s’est récrié pour sa part, Jean-Marc Ayrault ministre français des Affaires étrangères. Samantha Powers, représentante permanente des États-Unis, a ainsi fustigé l’implication militaire russe en Syrie comme une action relevant de la barbarie, tandis que François Delattre, ambassadeur français, comparait le martyre d’Alep à celui de Sarajevo et Guernica. Matthew Rycroft, ambassadeur britannique a dénoncé des violations flagrantes des lois internationales et évoqué la possibilité de recourir à la saisine de la Cour pénale internationale. Le secrétaire au Foreign Office, Boris Johnson, a estimé que la Russie était coupable de la prolongation de la guerre en Syrie et pourrait avoir commis des crimes de guerre en attaquant un convoi d’aide humanitaire à Alep.

Mais la Russie, membre permanent au Conseil de sécurité, est l’un des 5 pays à détenir un droit de véto. Les recours des diplomates restent très limités…

Dans une déclaration signée par plus de 30 groupes rebelles, dont la plus importante faction soutenue par la Turquie, les pays du Golfe et l’Occident, les insurgés estiment que les bombardements qui ont fait des dizaines de morts ces jours derniers sont sans précédent et rendent vain tout processus politique que pourrait chercher à relancer Moscou et Washington.

*2e ville de Syrie

**250 000 habitants