Turquie : Raids en Irak contre le PKK en riposte à l’attentat d'Ankara

La Turquie a bombardé des camps du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) situés dans le nord de l'Irak lundi 14 mars.

Une dizaine de chasseurs-bombardiers ont mené des raids contre plusieurs bases rebelles dans les montagnes de l'extrême-nord irakien, dans les secteurs de Kandil et Gara, a annoncé l'état-major.

Une riposte à l'attentat qui a frappé, la veille au soir, le cœur de la capitale Ankara et qui a fait au moins 37 morts et 125 blessés. Lundi matin, 71 personnes étaient toujours hospitalisées. De nombreux jeunes et étudiants figurent parmi les victimes.

Même si aucune revendication n’a eu lieu, des éléments quasi sûrs impliquent les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans l’attentat survenu dimanche soir dans le centre d’Ankara, a affirmé Ahmet Davutoglu, le Premier ministre.

11 suspects dont 4, dans la ville de Sanliurfa ont déjà été arrêtés, a-t-il ajouté.

D’autre part, les autorités turques ont instauré un couvre-feu à Sirnak, localité à majorité kurde dans le sud du pays. Les forces de l’ordre ont procédé à ce coup de filet sur la foi d'une information indiquant que le véhicule utilisé dans l'attaque avait été acheté dans cette ville du sud-est à forte majorité kurde, proche de la frontière avec la Syrie. Selon un responsable, l'un des auteurs serait Seher Cagla Demir, née en 1992 et originaire de la ville de Kars, dans l'est de la Turquie, avait rejoint les rangs du PKK en 2013.

Si l'attentat de dimanche soir n'est toujours pas été revendiqué, son mode opératoire ressemble à celui du 17 février dernier, également commis au centre d'Ankara. Les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), groupe radical dissident du PKK, l’avait finalement revendiqué en promettant de nouvelles attaques, notamment contre les sites touristiques du pays.Une voiture piégée a explosé à 18h45, à un arrêt de bus de la très fréquentée place Kizilay, qui abrite de nombreux commerces et où passent plusieurs lignes de bus et de métro. De nombreux véhicules ont été totalement détruits par la déflagration. Le président Erdogan avait aussitôt dénoncé des attaques contre l'unité de notre pays et notre peuple et annoncé des représailles mais le chef de l'État et son Premier ministre n'avaient pas formellement mis en cause les rebelles kurdes. Notre État ne renoncera jamais à faire usage de son droit à la légitime défense contre toute menace terroriste, avait-t-il déclaré.

A l'étranger, l'attentat a été unanimement dénoncé. Une attaque terroriste barbare selon Jean-Marc Ayrault, ministre français des Affaires étrangères. Un attentat inhumain, a fustigé Vladimir Poutine. Les États-Unis ont fermement condamné et réaffirmé leur partenariat solide avec la Turquie. Tous les alliés de l'Otan sont solidaires de la Turquie, résolus dans leur détermination à combattre le terrorisme sous toutes ses formes, a déclaré Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'organisation.

Depuis l'été 2015, la Turquie vit en état d'alerte maximale, après une série d'attentats meurtriers, dont 4 ont été attribués à Daesh par le gouvernement turc. Le plus meurtrier (103 morts) avait été perpétré le 10 octobre 2015 par 2 kamikazes qui s'étaient fait exploser au milieu de manifestants de la cause kurde, devant la gare centrale d'Ankara.

Dans le même temps le pays est déstabilisé par la reprise du conflit kurde.

D'intenses combats opposent ses forces de sécurité au PKK dans de nombreuses villes du sud-est, à majorité kurde. Les pourparlers de paix engagés par le gouvernement turc avec le PKK à l'automne 2012, pour tenter de mettre un terme à un conflit qui a fait 40 000 morts depuis 1984, ne sont plus qu’un souvenir…

Enfin, Ankara, d’abord accusée de complaisance envers les rebelles les plus radicaux, en guerre contre le régime de Damas, a rejoint, toujours l’été dernier, la coalition antidjihadiste et multiplié les arrestations sur son sol pour lutter contre l'EI.