Fukushima : 5 ans après la double catastrophe au Japon

Le 11 mars 2011, un tsunami d’une violence sans précédent frappait les côtes japonaises, entrainant une catastrophe nucléaire à la centrale de Fukusima.

Frédéric Charles est correspondant pour Radio France au Japon, où il vit au depuis 1982. Avec sa grande connaissance de la culture japonaise, beaucoup de talent et d’humanité, il a recueilli au jour le jour les informations sur la situation mais aussi et surtout la parole des gens pour la partager sur les ondes.

A l’occasion des commémorations des 5 ans du drame, il s’exprime sur les séquelles de ce double traumatisme,

dans La Voix du Nord.

Le gouvernement veut réactiver les réacteurs alors il cherche à donner une impression de normalité et fait en sorte qu’on ne parle pas des zones sinistrées.

On n’en parle qu’une fois par an, mais les plaies psychologiques sont immenses. Elles ont fait plus de morts que le tsunami et l’accident nucléaire réunis : beaucoup de suicides, de drames personnels… Ce qui domine chez les survivants, c’est l’incertitude.

Là où ils sont nés, l’emploi a été détruit. Seules les personnes âgées sont restées. Revenir ? Reconstruire sa vie à Tokyo ou ailleurs ? Les réfugiés vivent dans des habitations temporaires. Les aides vont cesser dans quelques mois.


La zone sinistrée ressemble encore à un énorme chantier industriel. Les résidents se sont enfuies… Par manque de main d’œuvre, la reconstruction tarde. Les logements reconstruits coûtent 3 fois plus cher. Et pourquoi reconstruire une ville ou un village qui a perdu 30 à 40 % de sa population ? Dans une ville récemment considérée comme habitable, seuls 6 % des habitants sont revenus…

Dans la centrale, un travail humain considérable a été accompli. 8 000 hommes s’y relaient et la radioactivité est 3 à 400 fois moins élevée qu’en 2011. Il reste à inventer la robotique capable de retirer le combustible fondu des réacteurs… ce qui impossible pour les humains ! Le défi des 40 prochaines années… Depuis 2011, les énergies renouvelables ont fait leur apparition au Japon et doivent produire 20 % de l’électricité d’ici 20 ans.