Tunisie : Attaques de l’EI à Ben Guerdane. Au moins 54 morts

A Ben Guerdane, à la frontière de la Tunisie avec la Libye, un commando armé a attaqué simultanément, ce lundi 7 mars à l’aube, les postes de la Garde nationale, de la police et la caserne militaire. 36 djihadistes, 11 membres des forces de l'ordre et 7 civils ont été tués.

Bien qu’aucune revendication n'a encore été formulée, la responsabilité a été attribuée à l'organisation de l'État islamique (EI).

Il s’agit du premier attentat d'une telle ampleur en milieu urbain, avec attaques ciblées et simultanés de bâtiments des forces de l'ordre.

Selon des sources locales, les djihadistes, nombreux à être originaires de Ben Guerdane où les islamistes ont toujours beaucoup recruté, auraient été aidés par des habitants pour s'infiltrer dans des maisons et abattre des militaires tunisiens. Déjà en 2004, Ben Guerdane était considéré comme vivier de djihadistes par le chef terroriste islamiste Abou Moussab Al-Zarqaoui, indique Wassim Nasr pour France 24

Grâce à ces réseaux de complicités, ils ont pu ensuite lancer des assauts coordonnés contre les bâtiments de la sécurité. Le plus haut gradé des officiers de l'antiterrorisme à Ben Guerdane, a été tué.

D'après les autorités, 4 extrémistes au moins étaient de nationalité tunisienne. Des djihadistes sont toujours actuellement retranchés dans le quartier Jallal, à 4 km du centre de Ben Guerdane. L'opération pour sécuriser la ville n'est pas terminée.

Des escarmouches sont toujours en cours, a relaté un spécialiste. Le ministère de l'Intérieur a incité les habitants à rester chez eux et mis un numéro vert à leur disposition. Un couvre-feu a été instauré de 19 h à 5 h du matin pour les personnes et les véhicules. Les routes menant à Zarzis et Djerba, ont été fermées.

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Établir un émirat de l'EI

Habib Essid chef du gouvernement estime que l’objectif  était de troubler la  sécurité du pays afin d'établir un émirat de Daech  à Ben Guerdane. Mais grâce à tous les efforts, à la coopération entre notre armée nationale et nos forces de sécurité intérieure, la réaction a été forte et rapide, a-t-il ajouté.

La communauté internationale a condamné ces attaques terroristes. Paris a exprimé toute sa solidarité au gouvernement tunisien et les États-Unis ont proposé leur aide à la  Tunisie.

Attaque prévisible

Il pourrait s’agir de représailles à l’opération menée mercredi dernier où 5 djihadistes venus de Libye, retranchés dans une maison, ont été tués par des unités de l'armée, de la Garde nationale (gendarmerie) et de la police de la ville. Un civil avait également été abattu lors des affrontements et un commandant avait été blessé à la tête.

De plus, ce 23 février, 200 djihadistes avaient occupé pendant plusieurs heures le centre de Sabratha, ville de Libye sur la route côtière de Tripoli à la frontière tunisienne.

En raison du chaos politique en Libye qui profite à l’expansion de l'EI, la Tunisie avait décidé après les attentats meurtriers de 2015, la fermeture de postes frontaliers et le renforcement des patrouilles notamment aériennes. La construction d'un système d'obstacles est en cours sur près de la moitié des 500 km de frontières communes.


Plus de 3 000 Tunisiens s’étaient déjà enrôlés par l’EI et d'autres organisations djihadistes en Syrie et en Irak.

Les services de sécurité tunisiens dénoncent maintenant le retour clandestin de ceux qui avaient rejoint des groupes islamistes en Libye.