Espagne : Investiture des maires indignées à Madrid et Barcelone

A l'issue d'élections municipales et régionales, les électeurs espagnols ont adressé un sévère avertissement à la classe politique, établie au début des années 1980 depuis la fin de la transition post-franquiste et demeurée jusqu’ici quasi inchangée.

Le courant des indignados, a maintenant pris le pouvoir dans les deux plus grandes mairies espagnoles ainsi que dans quelques autres villes importantes du pays.

Le mouvement, né en 2011, fustige notamment le salaire des élus, demande un audit des dettes municipales et surtout l’arrêt des expulsions immobilières. Manuela Carmena à Madrid et Ada Colau à Barcelone sont entrées en fonction depuis samedi. Saragosse, La Corogne ou Cadix vont également être régies par des plateformes citoyennes.

Manuela Carmena, 71 ans, candidate du parti antilibéral Podemos a été portée à la tête de la mairie de Madrid à l’issu du scrutin des 57 conseillers municipaux où 9 élus du Parti socialiste et 20 conseillers de la liste Ahora Madrid ont voté pour elle. Le Parti socialiste a accepté de la soutenir, au nom du «changement» nécessaire à Madrid, ville meurtrie par la crise et gangrenée par les affaires de corruption. L'ancienne juge, militante communiste dans sa jeunesse, dirige désormais la capitale espagnole de 3 millions d'habitants. Un fief de la droite depuis 26 ans…

A l’annonce du résultat, Si se puede ! (C'est possible), cri de ralliement des indignados, a retenti dans la salle du Conseil.

Je promets de respecter fidèlement l'obligation de la fonction de maire de Madrid, a déclaré Manuela Carmena

Pablo Iglesias, chef du parti de la gauche radicale Podemos, inscrit sur la liste Ahora Madrid avec Equo (écologistes) et Izquierda unida (écolo tendance communiste), a applaudi.

A Barcelone, Ada Colau, 41 ans, va devenir la première femme à diriger la ville. La liste de la militante anti-expulsions est arrivée en tête devant celle du maire sortant Xavier Trias, un nationaliste conservateur.

L'espoir l'a emporté ! a déclaré, en larmes, la leader de Barcelona en Comú. A l’automne dernier, Ada Colau était encore hésitante à se lancer dans la bataille politique… La citoyenneté a gagné, l'espoir a gagné, le désir de changement a  vaincu la campagne de la peur, de la résignation, et avec ça c'est nous tous qui gagnons, surtout Barcelone, a-t-elle insisté.