Argentine : mobilisation historique contre les violences envers les femmes

Après une série de meurtre de femmes, le pays est scandalisé : une institutrice de maternelle a été égorgée par son ex-mari devant ses élèves… une adolescente de 14 ans, enceinte, a été tuée puis enterrée dans le jardin de la maison familiale par son ex-petit ami de 16 ans, aidé par des proches. Et une femme a été criblée de balles à la terrasse d'un café par son ex-compagnon éconduit…

Ce mercredi 3 juin, les manifestations ont rassemblé des centaines de milliers de personnes à Buenos Aires mais aussi dans plusieurs villes d’Argentine et jusque dans les pays frontaliers. En Argentine, une femme est assassinée toutes les 31 h ! Si les femmes étaient majoritaires, hommes, enfants et personnes âgées se sont aussi mobilisés pour dénoncer ces violences.

Nous demandons l'application d'un plan national pour éradiquer la violence de genre : cela passe entre autres par l'élaboration de statistiques officielles, ou par une réforme éducative qui inclurait l'enseignement de la thématique de la violence de genre. Selon l'ONG Casa del encuentro, 277 féminicides ont été commis en 2014. Et entre 2010 et 2012, 53 femmes sont mortes brûlées vives.

La situation est encore plus alarmante au Mexique, en Amérique centrale ou au Brésil, rapporte la responsable Fabiana Túñez, à l’origine du mouvement de protestation.

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Il reste encore beaucoup à faire pour démanteler la culture machiste dans notre pays !

C’est le réveil social, contre l'injustice. Et"les violences familiales ne sont pas le seul fléau dont souffrent les femmes, notamment elles sont moins payées que les hommes. Face à ça, l'État est en retard ! dénonce une  militante, chef d'entreprise de 36 ans.

Nous avons grandi en pensant que c’était normal d’harceler des filles dans rue, déplore un homme venu manifesté. J’ai envie de demander Pardon, ajoute-t-il

Ces homicides de jeunes filles ou de femmes dont parlent les médias argentins ne représentent qu'une infime portion de tous les crimes envers les femmes perpétrés dans le pays, dans une société malade des modèles machistes, où la femme est encore une chose à dominer…, insiste Fabiana Túñez.

Cristina Kirchner, présidente d’Argentine soutient le mouvement : les féminicides, ça suffit ! Tout comme le footballeur Lionel Messi : de Barcelone, nous nous joignons à tous les Argentins pour crier bien fort #NiUnaMenos* (a déclaré Messi sur son compte Facebook.

Le féminicide a été inscrit dans le code pénal argentin en 2012 comme circonstance aggravante d'un homicide, puni de 12 à 25 ans de prison, la peine encourue est portée à perpétuité en cas de féminicide ;

Ce crime est intégré dans la législation de 15 autres pays latino-américains, dont le Chili, le Pérou, la Colombie et, depuis cette année, le Brésil. En France, le féminicide figure seulement dans le dictionnaire, depuis 2014. Pas dans le code pénal…


*Pas une de moins = slogan de ralliement sur Twitter et Facebook