Yemen : carnage dans une mosquée à Sannaa. 142 morts et 351 blessés

L’attentat était conçu pour faire un maximum de victimes dans la communauté chiite houthis réunie pour la prière du vendredi.

Un premier kamikaze s’est fait exploser dans la mosquée Badr. Un second, posté à l’entrée, a fait de même tandis que fidèles affolés s’enfuyaient. Corps déchiquetés et ensanglantés étaient transportés sur des brancards.

Des traces de sangs étaient visibles sur le sol jonché de débris. Le dernier bilan est 351 blessés et 142 morts parmi lesquels l’imam de la mosquée, Al-Mourtada ben Zayd al-Muhatwari, dignitaire religieux de la milice houthis.

La chaine Al-Massira*, a affirmé que les hôpitaux de la capitale réclamaient en urgence des dons de sang…

Au même instant, à Saada, au nord, un kamikaze a été neutralisé devant une autre mosquée fréquentée par des Houthis, avant d’avoir pu agir. Ces attaques sont les plus sanglantes depuis la prise du pouvoir par les Houthis début février et les premières revendiquées par Daech dans ce pays, où Al-Qaida était jusqu’à présent le groupe djihadiste dominant et le Yemen la branche la plus puissante du réseau.

Par communiqué, Aqpa (Al-Qaïda dans la péninsule arabique) a démenti toute implication dans les attentats de Sanaa. L'organisation affirme suivre les instructions du cheikh Ayman al-Zawahiri (chef d'Al-Qaïda) qui recommande d'éviter les mosquées, les marchés, et les endroits mixtes afin de préserver la vie des musulmans.

Mercredi 11 mars, des milliers de Yéménites avaient manifesté dans les rues de Sanaa pour crier leur colère contre le coup de force des Houthis.Ils ont contraint le président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale, à se réfugier à Aden.

Les rassemblements hostiles aux Houthis s’étaient multipliés, notamment dans le centre et le sud du Yémen que ces miliciens n'arrivent pas à contrôler. Dans certains secteurs, ils se battent  contre des tribus sunnnites, dont certaines s'allient avec Al-Qaïda pour résister.

Le Yémen est au bord de la guerre civile, entre les Houthis chiites, soutenus par l'Iran, une partie de l'armée restée loyale à l'ex président Saleh (1978-2012), les partisans gu président Hadi, appuyés par les monarchies sunnites du Golfe, et le groupe sunnite Al-Qaïda présent dans la péninsule arabique (Aqpa) et qui sévit dans le sud et le sud-est du pays. L’aggravation de cette crise politique et religieuse depuis plusieurs mois a conduit les Nations unies à intervenir. Les négociations, ouvertes à Sanaa, sont restées vaines… L’Arabie Saoudite a proposé d'accueillir les pourparlers à Riyad.

Dimanche 22 mars, les rebelles chiites houthis ont pris le contrôle d’une partie de Taëz**, dont son aéroport militaire et plusieurs bâtiments gouvernementaux. Des milliers de personnes protestaient dans la rue. Les miliciens ont tiré à balles réelles. Un militant aurait été tué et 5 autres blessés.

La conquête de Taëz permettrait aux rebelles chiites de s’approprier le stratégique détroit de Bab al-Mende. Situé à l'embouchure du golfe d'Aden et de la mer Rouge, il représente une importante voie maritime de commerce international. Les Houthis sont désormais à moins de 200 km d'Aden, où s'est réfugié le président Abd Rabbo Mansour Hadi. Sa résidence a été visée à plusieurs reprises par des raids aériens, qui ont été repoussés par des tirs de DCA.

Ce dimanche soir, lors d’une réunion d'urgence à New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a fait une déclaration unanime de soutien au président yéménite.

*contrôlée par les Houthis

** 3e ville du pays