Algérie : Quels Droits pour les femmes ?

À l’occasion d’une cérémonie lors de la Journée internationale des droits des femmes, Mounia Meslem, ministre algérienne de la Solidarité, la Famille et de la Condition de la femme, a lu une lettre d’Andelaziz Bouteflika, contenant ses vœux afin de sortir la femme algérienne de son statut de mineur. L’actuel Code de la famille ne serait pas exempt de lacunes… Le président projette de le réformer afin de renforcer et préserver les droits de la femme algérienne et sa place au sein de la société, indique-t-il.

Abdelaziz Bouteflika a annoncé la création d’une commission pour préparer la révision de certains articles du code de la famille, notamment ceux régissant le divorce et le khol’ Cette décision est motivée par le fait que le divorce constitue un phénomène de société qui ne cesse de prendre de l’ampleur, a insisté le Chef de l’Etat. Outre le divorce, la réforme de la polygamie, maintenue en 2005, est également très attendue.

Même si il fait constamment référence au Coran dans son discours, le président Bouteflika prend ses distances avec l’aile conservatrice de sa majorité :

la femme algérienne se défait chaque jour davantage des hérésies qui inhibent sa détermination, des obstacles et des entraves qui encombrent son chemin et des règles de toutes sortes, étrangères à la religion, pour poursuivre sa marche, forte de ses droits consacrés par le Saint Coran et la tradition du Prophète (QSSL).


L’annonce de mesures, législatives et incitatives, fait suite à l’amendement du code pénal afin de criminaliser les violences faites aux femmes. Le texte avait été adopté le 5 mars dernier devant l’Assemblée populaire nationale (APN) après des débats pour le moins mouvementés entre progressistes et islamistes. Le député Mohamed Daoui (islamiste) avait notamment déclaré que les Algériennes étaient responsables des violences qu'elles subissent en raison de leur accoutrement et de leur maquillage, provoquant un tollé d’une partie des parlementaires présents… Ces propos d’un sexisme entendaient dénoncer une loi contraire aux valeurs de l'islam.

La question des droits des femmes divise la classe politique algérienne. Le code de la famille algérien a été établi en 1984 à l'ère du parti unique. Révisé en 2005,  sous la présidence de Bouteflika, il est inspiré de la loi islamique. Les conservateurs et les islamistes veulent le modèle de la charia… à la virgule près.

Afin de faire évoluer la société et de faire avancer les mentalités, le président Bouteflika demande aux services concernés de lutter contre la persistance des us et coutumes liés au conservatisme et à l’obscurantisme qui persistent à violer les droits de la femme, troubler leur exercice ou entraver son autonomisation économique et sociale"

Le chef de l’État algérien assure par ailleurs que l’égalité hommes-femmes ne peut se concevoir que dans la protection de la femme par la loi en matière d’accès à l’emploi et de possession de biens et richesses sous le régime de la séparation, en étant libre d’en disposer elle-même et à sa convenance.

Cependant, malgré ces frémissantes avancées, les militantes féministes continuent d’exiger l'abrogation du code de la famille. En dépit des amendements, il garde son architecture inégalitaire et la permanence de l'oppression des femmes, estime Soumia Salhi.

 

*divorce à l’initiative de l’épouse.