Nigeria : Double attentat sur un marché à Jos. Au moins 118 victimes

2 explosions se sont produites sur un marché New Abuja, un lieu très fréquenté de la ville de Jos*.

L'attaque a fait 118 morts et 56 blessés, en majorité des femmes.

La double attaque n'a pas encore été revendiquée mais les soupçons se portent sur le groupe islamiste armé Boko Haram.

La première explosion venait d'un camion et s'est produite mardi 20 mai vers 15 h (14 h GMT). Une vingtaine de minutes après, un minibus explosait à son tour, atteignant également les équipes de secours déployées auprès des victimes de la première déflagration.

Ce que nous faisons actuellement, c'est (d'essayer) d'emporter les cadavres. (...) Nombre d'entre eux sont tellement brûlés qu'on ne peut les identifier, a expliqué Mohammed Abdulsalam, coordinateur de l'Agence nationale de gestion des crises. NEMA. Le feu fait toujours rage et de nombreuses boutiques ont été entièrement brûlées. D'autres corps pourraient être encore prisonniers des décombres, a-t-il précisé. Selon l'agence italienne Ansa qui cite des médias locaux et sources médicales : 200 personnes auraient péri. Pam Ayuba, porte-parole du gouverneur a ajouté que les victimes avaient été emmenées dans les morgues de 2 hôpitaux de la région. 

Ce nouvel attentat intervient le jour de la prolongation de l'état d'urgence dans les 3 États du nord-est, fief de Boko Haram. Les sénateurs ont voté à l'unanimité, comme les députés la semaine dernière, la prolongation de l'état d'urgence dans les Etats de Yobe, Adamawa et Borno (nord-est).

Goodluck Jonathan, le président nigérian, très critiqué pour la corruption de son administration et son incapacité à mettre fin à l'insurrection, avait réclamé 6 mois supplémentaires. Il avait exprimé ses inquiétudes pour les victimes civiles de plus en plus nombreuses, qualifiant la violence dans les trois Etats de redoutable. Ce mardi, il ainsi condamné ce double attentat : une attaque tragique contre la liberté humaine perpétrée par des hommes cruels et diaboliques.

En vigueur depuis un an, l'état d'urgence, accompagné d'une vaste offensive militaire, avait d'abord semblé efficace mais actuellement la mesure est d'abord symbolique. C'est dans l'Etat de Borno que Boko Haram avait enlevé mi-avril plus de 200 lycéennes, dans leur internat de Chibok.

Les attaques de Boko Haram sont devenues quasi quotidiennes, s'en prenant de plus en plus aux civils et s'étendant à Abuja et Kano, la grande ville du nord, où une attaque-suicide avait fait 4 morts dimanche dernier. 2 suspects ont été interpellés mardi.

En un mois, 2 attaques à la voiture piégée, revendiqués par le groupe islamiste Boko Haram, avaient déjà fait près d'une centaine de morts à Abuja. Depuis le début de l'année, les attentats ont causé plus de 2 000 morts, en majorité des civils.

Face à l'émotion causée par plus de 200 jeunes filles kidnappées par le groupe islamiste armé et la mobilisation internationale qui a suivi, États-Unis, Grande-Bretagne, France et Israël ont envoyé des experts et des moyens matériels pour aider à les retrouver.

Samedi, lors d'un sommet à Paris, le Nigeria et ses voisins du Bénin, du Cameroun, du Niger et du Tchad ont promis d'améliorer leur coopération dans la lutte contre Boko Aram. Le Nigeria a également demandé officiellement au Conseil de sécurité de l'ONU d'ajouter le nom de Boko Aram à une liste d'organisations considérées comme terroristes et soumises à des sanctions en raison de leurs liens avec Al-Qaïda.

*Jos, à 300 km au nord-est d'Aduja, est la capitale de l'Etat du Plateau. La ville marque la limite entre le sud chrétien et le nord majoritairement musulman. Jos a déjà été attaqué et des cellules de Boko Haram y seraient actives.