Nigeria : Plus de 200 lycéennes retenues par Boko Aram

Dans une vidéo diffusée lundi 5 mai, Boko Haram a revendiqué l'enlèvement de 276 lycéennes, 12 à 17 ans, arrachées à leurs dortoirs à Chibok*, il y a maintenant 3 semaines :

J'ai enlevé vos filles. Je vais les vendre sur le marché comme escalves ou les marier de force… Au nom d'Allah !, a déclaré le chef, Abubakar Shekau, dans un message de 57 minutes.

En langue haoussa, utilisée dans le nord-est du Nigeria où le groupe islamiste armé sème la terreur depuis 5 ans, Boko Haram signifie : l'éducation moderne est un péché.

Et selon Boko Haram, ces lycéennes ont doublement péché : elles appartiennent au sexe féminin et, en plus, elles cherchent à s'instruire… Empêcher les femmes d'accéder à l'éducation est une obsession des groupes radicaux islamistes. En Afghanistan et au Pakistan, destruction des écoles et assassinat de collégiennes par les talibans relevaient de la même priorité.


La vidéo du leader de Boko Haram par lemondefr

Pogu Bitrus, le chef du conseil des anciens de Chibok, a expliqué craindre que les jeunes femmes aient été mariées de force aux membres de Boko Aram, contre 2000 nairas (environ 10 €)

C’est une pratique médiévale, a-t-il dénoncé dans une interview à la BBC. En tant que leader de la communauté, je pousse un cri de révolte, je pleure, pour alerter le monde sur ce qui se passe ici et faire pression sur le gouvernement nigérian pour qu’il agisse et assure la libération des jeunes filles.

Certaines sont parvenues à échapper à leurs ravisseurs en sautant des camions ou s’enfuyant en prétextant aller aux toilettes. Selon la police, 53 ont réussi à s'enfuir mais 223 sont toujours prisonnières et en grand danger. Des informations circulent sur leur possible transfert au Tchad et au Cameroun, où elles auraient été vendues 12 $ chacune.

Le 1er mai, des centaines de parents désespérés, s'étaient rassemblés pour une marche de protestation à Chibok, où le rapt a eu lieu. Les mères et les pères, habillés de rouge, brandissaient des pancartes Trouvez nos filles !, appelant à l'aide le gouvernement nigerian ainsi que la communauté internationale.

Il est invraisemblable que les ravisseurs circulent dans d’énormes convois avec leurs victimes sans qu’ils ne soient repérés par l’armée, a insité Pogu Bitrus. Un habitant, dont la fille et les deux nièces ont été enlevés, fustige l'indifférence du pouvoir face à ce désastre monumental.

Dimanche 4 mai, Goodluck Jonathan a assuré qu'il avait ordonné aux chefs de la police et de l'armée de tout faire pour ramener les jeunes filles : le président a donné des consignes très précises et ordonné que tout soit fait pour ramener les lycéennes saines et sauves, a déclaré Reuben Abati, son porte-parole.

Cependant, dans la nuit du 5 au 6 mai, 8 autres adolescentes de 12 à 15 ans ont été enlevées dans le nord-est du Nigeria et plus de 200 civils ont été massacrés près de la frontière camerounaise. Probablement par Boko Aram, les terroristes profitant du redéploiement de l'armée nigériane dans cette zone où sont probablement détenues les lycéennes…

Mobilisation de la population nigériane et…

Plusieurs dizaines de mamans ont organisé des sit-in quotidiens de 4 h devant la fontaine de l'Unité à Abuja. Nous, les femmes, nous devons maintenir notre message et la pression sur les autorités militaires et politiques pour qu'elles fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour s'assurer que ces filles soient libérées, a déclaré Hadiza Bala Usman, une des organisatrices de la marche à Lagos, Suivie d'une manifestation pacifique devant le siège du gouverneur où les femmes ont mobilisisés des milliers de personnes indignés, dénonçant l’incapacité des autorités nigérianes à localiser les jeunes femmes. Nous ne pouvons pas rester silencieux et attendre, a déclaré l’un d'entre eux. Nous sommes ici pour vous rappeler votre engagement pour la sécurité des gens et des biens dans votre État.

… de la communauté internationale : Il est temps de #BringBackOurGirls

La campagne Twitter a été relayée par de nombreuses personnalités dont Malala Yousafsai figure emblématique de la lutte pour l'éducation des filles. Des millions de personnes sont signés les pétitions sur twitter, facebook, change.org**…

Il est temps de ramener nos filles a relayé Michelle Obama sur Twitter, ajoutant nos prières vont aux jeunes Nigérianes et à leurs familles.

John Kerry a promis que les États-Unis feront tout ce qui est possible pour aider le gouvernement du Nigeria à ramener ces jeunes filles dans leurs foyers et traduire les auteurs en justice. C'est notre responsabilité et la responsabilité du monde, a conclu le secrétaire d'Etat américain.

Les Etats-Unis ont annoncé l'envoi de forces de sécurité américaines pour aider à retrouver les jeunes filles ainsi qu'une équipe de coordination à leur ambassade à Abuja. Elle serait composée de personnel militaire américain, de responsables des forces de l'ordre ainsi que d'experts dans les situations d'enlèvements.

Le président nigérian Goodluck Jonathan a accepté cette offre mais les modalités doivent encore être précisés.

La France et la Grande-Bretagne ont aussi offert d'envoyer des équipes spécialisées : agents de renseignement et commandos. Le premier ministre chinois, Li Keqiang, a également promis d'aider le Nigeria dans sa lutte contre le terrorisme.

Les gestes de solidarité des pays étrangers, bien que tardifs, sont bienvenus. L'entreprise destructrice de Boko Haram dépasse largement le Nigeria : la France, qui vient de perdre un sous-officier au Mali, est bien placée pour le savoir.

Le Nigeria, incarne à la fois le meilleur et le pire de l'Afrique. Pays de 175 millions d'habitants, le plus peuplé du continent il bénéficie d'une croissance économique de 7%. Une classe moyenne urbaine a émergé, prometteuse pour le développement et la démocratie. Mais cela reste un énorme défi face à la pauvreté, la corruption et surtout l'impuissance du gouvernement.

Les divisions religieuses entre le Sud, majoritairement chrétien, en plein développement et le Nord, rongé par la charia et les djihadistes, exposent particulièrement le pays à la menace et aux actes terroristes.

*Chibok : commune de l’État de Borno, fief historique de Boko Haram


**Plus de 200 jeunes filles ont disparu au Nigeria – Portez-leur secours ! #BringBackOurGirls

Au Nigeria, plus de 200 lycéennes ont été récemment enlevées du pensionnat où elles étudiaient, à Chibok dans le nord du pays. Les ravisseurs font partie du groupe terroriste Boko Haram qui pourrait être en train de les vendre pour les marier de force. Cette pétition appelle la communauté internationale à leur porter secours au plus vite.

Ces jeunes filles enlevées se retrouvent victimes d'un conflit dont elles ne sont pas responsables et leur voix doit être entendue! J'ai du mal à imaginer ce qu'elles ont eu à subir ces dernières semaines et pourtant le gouvernement ne fait quasiment rien pour les sauver.

La secte Boko Haram, qui vient de confirmer être l'auteur de l'enlèvement, ne cesse d'affirmer que les filles ne devraient pas être éduquées. Je suis une jeune nigériane éduquée qui pense que chaque enfant, fille ou garçon, a le droit à l'éducation. J'appelle les dirigeants mondiaux à aider le gouvernement du Nigéria pour secourir ces lycéennes.

En signant cette pétition, nous exprimons notre solidarité avec ces jeunes filles kidnappées et appelons le monde à ne pas oublier et nous soutenons tous les efforts pour assurer un retour rapide et en toute sécurité de ces lycéennes chez elles. Nous demandons que les écoles soient protégées contre de futures attaques !

http://www.change.org/petitions/all-world-leaders-bring-back-nigeria-s-200-missing-school-girls-bringbackourgirls

pétitions en anglais, français, espagnol, allemand, italien…

https://www.facebook.com/bringbackourgirls

https://twitter.com/search?src=typd&q=%23BringBackOurGirls