Turquie : Erdogan a officiellement présenté ses condoléances aux petits-fils des Arméniens tués en 1915

Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan a officiellement présenté les condoléances de la Turquie aux petits-fils des Arméniens tués en 1915.

La déclaration de ce 23 avril est une première dans l'histoire de l'état turc.

C'est un devoir humain de comprendre et de partager la volonté des Arméniens de commémorer leurs souffrances pendant cette époque, affirme le communiqué émanant du chef de gouvernement. Entre 1915 et 1917, aux dernières heures de l'empire, la communauté arménienne de la Turquie ottomane fut victime de massacres et de déportations massifs.

Ce drame est reconnu comme un génocide par de nombreux pays, mais pas la Turquie. Nous souhaitons que les Arméniens qui ont perdu la vie dans les circonstances du début du XXe siècle reposent en paix et nous exprimons nos condoléances à leurs petits-enfants.

Franck Papazian, coprésident du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF), estime que Recep Tayyip Erdogan tente, à un an du centenaire du génocide arménien, une opération séduction auprès de la communauté internationale et ne dissimule pas sa colère : Tout cela est inacceptable ! Le progrès, c'est de reconnaître la réalité du crime de génocide, a-t-il déclaré au parisien.fr.

La Turquie reconnaît que des massacres ont été commis et la mort de 500 000 Arméniens en Anatolie entre 1915 et 1917 mais le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002 récuse toujours catégoriquement le terme de génocide. L'Arménie et nombre d'historiens évaluent à 1,5 million le nombre de victimes. Depuis quelques années, une partie de la société civile turque organise la commémoration du génocide des Arméniens, pour faire face au discours officiel négationniste.

En 2013, pour la première fois en presque un siècle, des dirigeants de la diaspora arménienne et des dirigeants antiracistes européens ont participé aux commémorations en Turquie. En France, deux génocides sont reconnus par la loi : celui des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale et celui des Arméniens entre 1915 et 1917. Une loi sur la négation d'un génocide reconnu a été adoptée par le Parlement en 2012. Le texte prévoit un an de prison et 45 000 € d'amende. Le vote avait provoqué une crise diplomatique majeure entre les deux pays. Recep Tayyip Erdogan avait gelé sa coopération politique et militaire avec la France, son allié de l'Otan, et dénoncé à son tour un génocide commis par les Français en Algérie. En janvier, lors de la première journée de sa visite d'Etat à Ankara, François Hollande avait exhorté Erdogan à faire son travail de mémoire  sur le génocide des Arméniens.