Tel Aviv : plusieurs dizaines de milliers de clandestins africains manifestent

Ils étaient plus de 30 000 migrants africains à défiler dans le calme ce dimanche à Tel-Aviv, a reconnu une porte-parole de la police. En majorité Érythréens et Soudanais, ils sont entré clandestinement en Israël par la péninsule égyptienne du Sinaï. Ils réclament le droit d'asile et leurs demandes de statut de réfugié ont été rejetée presque systématiquement. Ils refusent de retourner dans leur pays par crainte de la répression politique.

Rassemblés sur la place Yitzhak Rabin, ils ont dénoncé l'attitude des autorités israéliennes, ainsi que le placement en centre de rétention pour des centaines d'entre eux. Nous sommes tous des réfugiés ! Oui à la liberté, non à la prison, ont-ils scandé en anglais.

Une loi adoptée le 10 décembre 2013, autorisant jusqu'à un an sans procès le placement en rétention des immigrés clandestins, est à l'origine du mouvement de protestation. De 200 manifestants le 16 décembre, la mobilisation atteignait plusieurs milliers le 28 décembre et se monte aujourd'hui à plusieurs dizaines de milliers. Certains migrants ont également décidé une grève de 3 jours, notamment dans la restauration et l'hôtellerie. Nous avons fui des persécutions, des dictatures, des guerres civiles, des génocides. Le gouvernement israélien doit étudier nos demandes d'asile et nous traiter comme des êtres humains,

a déclaré un Érythréen entré illégalement en Israël il y a quatre ans. Il a précisé qu'une marche était prévue lundi en direction des bureaux du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ainsi que devant des ambassades étrangères à Tel-Aviv. Au lieu de nous considérer comme des réfugiés, le gouvernement israélien nous traite comme des criminels, a-t-il déploré.

alt

A voir en vidéo du 8 janvier 10 000 migrants encerclent le Parlement : http://www.youtube.com/watch?v=KsFaZohYxR4

Des militants israéliens sont solidaires de ces revendications. En septembre, la Cour suprême avait rejeté un projet de loi qui prévoyait une détention fermée sans procès pouvant aller jusqu'à trois ans, la considérant comme contraire à la dignité humaine et la liberté.

Cependant, les autorités évaluent à 60 000 les clandestins Africains en Israël. Leur concentration dans les quartiers défavorisés du sud de Tel-Aviv a engendré des incidents et des agressions xénophobes. En 2012, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a mené une campagne qui a abouti au départ ou à l'expulsion de 3 920 d'entre eux. Miri Regev, députée du Likoud (droite), avait même assimilé les clandestins à un cancer qui prolifère… Propos condamnés par les militants de gauche mais aussi par Réuven Rivlin, président du Parlement, pourtant membre du Likoud…. Cette manifestation est un signal d'alarme pour agir contre les clandestins, a réaffirmé Elie Yishaï, député du parti religieux ultra-orthodoxe Shass et ex-ministre de l'Intérieur, n'hésitant pas à ajouter que Tel-Aviv était devenue une ville africaine. En 2013, Israël a achevé l'édification d'une clôture électronique couvrant les 230 km de frontière avec l'Egypte destinée à empêcher efficacement les entrées clandestines.