Syrie : Sarin et raids israëliens, la guerre civile risque-t-elle de s'étendre ?
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- Catégorie : Actualité internationale
- Publié le Lundi, 06 Mai 2013 12:00
Selon les témoignages que nous avons recueillis, les rebelles ont utilisé des armes chimiques, faisant usage de gaz sarin*, a déclaré Carla del Ponte.
La magistrate est ex-procureure à la Cour pénale internationale et membre de la Commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Syrie. Dans une interview à la radio suisse italienne dans la nuit de ce lundi 6 mai, elle livre ainsi ses conclusions : Nos enquêtes devront encore être approfondies, vérifiées et confirmées mais
selon ce que nous avons pu établir jusqu'à présent, pour le moment ce sont les opposants au régime qui ont utilisé le gaz sarin. Carla del Ponte, ajoute que les enquêtes en cours pourraient aussi établir si le gouvernement de Bachar al-Assad a également utilisé ou non ces armes.
La grande prudence de ses déclarations s'explique par la complexité de la situation sur place pour établir la vérité : si l'ONU soupçonnent des armes chimiques passées aux mains des rebelles, les enquêteurs se méfient également des faux témoignages des acteurs payés par le régime.
Bachar al-Assad a reconnu posséder des armes chimiques et menacé de les utiliser. Son arsenal est estimé à des centaines de tonnes de gaz moutarde, sarin et VX. Régime et rebelles s'accusent mutuellement d'avoir employé ce genre d'armes en décembre près de Homs, en mars près d'Alep et Damas.
Les Etats-Unis sont convaincus que le gouvernement syrien a utilisé des armes chimique contre son propre peuple. Barack Obama a déclaré mardi dernier que les Etats-Unis avaient des preuves mais ne savaient pas comment, quand, ni qui les a utilisées.
Par ailleurs, l’aviation israélienne
a mené, ce week-end, deux attaques en 48 h contre un centre de
recherches militaires et un dépôt de munitions proche de Damas.
Des missiles sol-sol Fateh-110 fabriqués en Iran étaient
entreposés sur place et sur le point d’être livrés au Hezbollah,
la principale milice chiite du Liban. Selon l'OSDH, Au moins 15 soldats syriens ont été tués.
Jérusalem veut à tout prix empêcher l’Iran de doter le Hezbollah d’armes performantes qui menaceraient l’ensemble du territoire israélien. Mais le pays, dejà inquiet de l’instabilité à ses frontières engendrée par les révolutions arabes ne vise pas l’effondrement brutal du régime syrien.
Une guerre israélo-syrienne, la première depuis 1973 ne serait ni dans l’intérêt des Israéliens, ni dans celui de la Syrie. Dans le contexte actuel, une guerre ouverte avec Israël scellerait le sort du régime. Mais Assad doit prouver sa reconnaissance pour les 2 000 soldats du Hezbollah qui ont franchi la frontière libanaise pour venir en aide aux forces syriennes contre les insurgés…
Une confrontation directe entre Israël et la Syrie entraînerait à la suite le Hezbollah libanais, puis l’Iran, son armateur, et voisins, à commencer par la Turquie. La crainte d’une escalade majeure à l’ensemble du Proche-Orient est un point de convergence dans la communauté internationale paralysée par ses divisions !
Washington, Londres et Paris pensent que Bachar doit partir, Moscou et Pékin le soutiennent et refusent toute ingérence. D'un côté, l’Occident qui, exige la promesse d'une démocratie, exempte de toute influence islamiste… au lieu d’armer les insurgés affrontant à mains quasi vides une force gouvernementale manquant moins d’armes que de bras. De l'autre, la Russie maintenant sans condition son aide militaire à Bachar al Assad, sans chercher à raisonner ce régime qu’elle sait pourtant perdu, à court ou moyen terme. Le Conseil de sécurité de l’ONU n’est toujours pas parvenu à trouver un consensus pour arrêter la tragédie syrienne où la population civile vit l’enfer, constamment éprouvée par de nombreuses attaques, contre-attaques et ripostes…
A l’exception d’Al-Qaïda, personne ne souhaite ajouter la guerre à la guerre, mais personne ne semble avoir conscience de l'urgence à trouver une solution !
* Le sarin :
est un puissant gaz neurotoxique
découvert à la veille de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne et
utilisé dans le métro de Tokyo en 1995.
Inodore et invisible,
toxique à l'inhalation, son contact avec la peau de
ce gaz organophosphoré bloque la transmission de l'influx
nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire. La dose
létale est d'un demi-milligramme pour un adulte. Les victimes
présentent des pupilles dilatées et souffent de violents maux de
tête. Puis, surviennent les convulsions, suivies d'arrêts
respiratoires et le coma précédant la mort.
Selon le Center for Disease and Control Prevention (CDC) d'Atlanta, il est utilisé en aérosol, à partir de l'explosion de munitions mais également pour empoisonner eau ou a nourriture.