Médecins : une prime à la "performance"…

Performance ? Un mot qui laisse dubitatif quand il s'agit de l'appliquer aux médecins…

Vous pensez peut-être ou espérez légitimement que grâce à cette prime attribuée par l'assurance maladie aux généralistes de France, vous allez être (enfin…) mieux soignés… Alors voici de quoi il s'agit :

L'Union nationale des caisses d'assurance maladie (UNCAM) et les trois principaux syndicats de médecins libéraux (CSMF, SML, MG-France) ont conclu dans la nuit du 21 juillet un accord prévoyant le versement d'une prime d'un montant annuel maximum de 9 100 €, versée chaque année aux praticiens en fonction de la réalisation d'un certain nombre d'actes. Chaque acte se voit attribuer des points, chacun d'une valeur de 7€, avec la possibilité d'atteindre un plafond maximum de 1 300 points par an. Ce qui signifie que cet accord prévoit la mise en place d'une rémunération en fonction de l'atteinte d'objectifs de santé publique, pour les médecins qui le souhaitent… précise la convention. Rien que de l'incitation, du moins dans ce texte et pour l'instant… Cette rémunération à la performance va d'abord concerner les médecins généralistes et devrait être étendue aux autres spécialités après la publication d'un avenant à la convention. La convention, qui doit régir les relations entre l'Assurance maladie et les médecins libéraux pour cinq ans, devrait faire l'objet d'une signature officielle mardi prochain selon la direction de l'UNCAM.

Quels sont donc ces actes à point et ces objectifs de santé publique, toujours selon l'assurance maladie ?

Ces objectifs sont relatifs à l'organisation des cabinets de l'ensemble des médecins libéraux, à la prévention, aux pratiques cliniques et à l'efficience des prescriptions. Peut-on lire noir sur blanc, voilà de quoi nous rassurer… Cette rémunération reconnaît de plus, sur une base forfaitaire, la mission de synthèse du dossier médical du patient assurée par le médecin traitant, précise la convention. Le temps consacré à rédaction administrative sera donc récompensé…
Dans les objectifs de santé publique figurent ainsi un certain taux de vaccination grippale de personnes de 65 ans et plus et de patients atteints d'une affection longue durée (ALD), de prescriptions de médicaments génériques, ou encore le traitement des feuilles de remboursement par télétransmission.

Depuis 2009, les médecins généralistes ont déjà la possibilité de toucher des primes via le Contrat d'amélioration des pratiques individuelles (CAPI).
Il faut satisfaire aux critères, tels atteindre un certain nombre de dépistages du cancer du sein chez les femmes de plus de 50 ans, prescrire des médicaments génériques, passer feuilles de soins électroniques, etc.
Au regard du succès de ce contrat, plus de 8 000 adhésions en quelques semaines… les responsables de la Sécurité sociale ont compris que l'appât financier fonctionnait et ont donc décidé de l'étendre.
Je m'y oppose franchement ! Le médecin se retrouve pieds et poings liés à la Caisse d'assurance maladie alors que nous sommes au service des patients, pas de la Sécu, fustige un médecin, qui, lui a décidé de ne pas signer la convention.
Le principe d'incitation financière amène à faire des choix économiques, qui ne sont pas forcément en adéquation avec l'efficacité médicale. Avec ce système de primes, le médecin n'est plus libre dans ses prescriptions et de ses traitements, il doit faire ce que veut la Sécurité sociale.

A défaut d'être mieux traiter humainement et médicalement, voici qui nous éclaire un peu sur la confusion d'une définition de la performance avec celle de l'obéissance par la Sécurité Sociale ! Les Bons Petits Soldats de la Médecine … Il est vrai que l'écoute du patient et l'efficience du diagnostic clinique sont beaucoup moins mesurables avec de tels barèmes que des prescriptions autorisées et des examens adéquats…Primés ou pas. L.A