Hausse du Tabac : Fumer n'a jamais été aussi cher
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- Catégorie : It's a strange, strange world...
- Publié le Lundi, 13 Janvier 2014 10:36
50 centimes d'euros d'augmentation ce lundi 13 janvier pour le tabac à rouler et 20 c (+3%) pour toutes les marques de cigarettes vendues en France. Les moins chères sont désormais à 6,50 € tandis que le paquet leader, (Marlboro : 25% des ventes) atteint 7 €, soit l'équivalent de... près de 50 francs ! Depuis 15 mois, c'est la troisième hausse : 40 centimes en octobre 2012, puis 20 centimes en juillet dernier.
En 2013, selon les chiffres de Logista France (ex-Altadis Distribution France) qui possède un quasi-monopole pour les livraisons des tabacs, 47,5 milliards de cigarettes ont été vendues, pour un montant de 15,28 milliards d'euros.
8% seulement va aux buralistes, 12% à l'industrie du tabac. Les 80 % représentent une recette pour l'état français sous forme de taxes.
Les hausses successives ont accru le nombre d'achats en contrebande, mais aussi dans les pays frontaliers moins chers. Les quotas de tabac que l'on peut légalement rapporter depuis l'étranger sont désormais de 10 cartouches de cigarettes et de 1 000 cigares par personne, contre 5 cartouches et 50 cigares auparavant. De plus, en cas d'infraction, les douaniers doivent prouver que le surplus est destiné à la vente, avant d'infliger des droits de douane, de faire payer une amende et d'opérer une saisie. En France, une cigarette sur cinq n'est pas achetée chez un buraliste.
Selon Pascal Montredon, président de la confédération des buralistes, la vente sur les réseaux parallèles s'élèvent a près de 25%. Il a demandé un plan national de lutte : Accepter qu'une proportion si importante du tabac, un produit si particulier, échappe à tout contrôle, c'est ouvrir la voie à d'autres trafics, sur d'autres produits sensibles, pharmaceutiques ou agroalimentaires, a-t-il déploré.
En France, les ventes de cigarettes ont baissé de -7,6% en 2013, soit 4 milliards de moins qu'en 2012. En revanche, la vente de tabac à rouler ou à tuber est en hausse de 2% et représente 13% du marché. D'où une volonté avouée du gouvernement de freiner particulièrement la vente de ce produit. Plus consommé par les jeunes, avait précisé le ministre du budget, Bernard Cazeneuve, rappelant que l'objectif du gouvernement était de parvenir à une baisse globale de la consommation.
Il faut également tenir compte de l'essor de la cigarette électronique même si les buralistes estiment que son usage reste marginal. Près de 70% des débitants proposent ce produit et d'ici la fin de l'année 2014, ce sera 100%, assure le président de la confédération. Un rapport sur l'usage de la cigarette électronique a déjà été commandé par le gouvernement début 2013. L'étude était supervisée par un pneumologue cancérologue réputé. Une grande enquête nationale auprès de 15 000 personnes âgées de 15 à 75 ans, va d'ailleurs être lancée en 2014.
Un suicide lent et cher…
Cette hausse, même si elle reste modérée contrarie, bien évidemment, les fumeurs. En France, leur nombre est estimé à 13 millions de personnes. A raison d'un paquet par jour, le dangereux plaisir de fumer revient désormais à plus de 2 500 euros/an, soit plus du double qu'en 2000…
Mais les associations de lutte contre le tabagisme ne sont pas satisfaites pour autant. Elles estiment que le gouvernement, ne voulant mécontenter personne, a plié devant les débitants. Pascal Montredon, avait en effet prévenu que la corporation n'accepterait pas une augmentation supérieure à 20 centimes par paquet. S'il doit y avoir une hausse du prix du tabac, il faut qu'elle corresponde à la réalité de la hausse de la TVA. Une hausse de 35 à 40 centimes serait irrationnelle, avait-il expliqué.
Les experts médicaux rappellent qu’une hausse importante des taxes est la seule mesure qui permet de faire baisser le nombre de fumeurs et de prévenir de nombreux décès prématurés dans le monde. Par ailleurs, plus les prix des cigarettes seront élevés, moins les jeunes auront les moyens de se procurer du tabac, insistent-ils.
Il faut que les prix du tabac augmentent régulièrement pour que la consommation diminue, c'est un objectif de santé publique que Marisol Touraine (ministre de la Santé) et moi partageons, avait martelé le ministre du Budget. Toujours selon les experts, le tabac tue environ 73 000 personnes chaque année. L’addiction au tabac est synonyme d’une espérance de vie diminuée de 10 ans.