SNCF : les raisons de la grève…

A la SNCF, la grève perlée débute ce 3 avril pour une durée indéterminée.

La mobilisation s'annonce très suivie : 48 % de grévistes l'ensemble du personnel et 77 % pour les conducteurs.

Entre galères, bien réelles, en perspective pour les usagers… et déni de la ministre des Transports

La bataille du rail devrait se poursuivre, à raison de 2 jours sur 5 jusqu'au 28 juin.

C'est quoi le problème ?, lançait Élisabeth Borne ce samedi de Pâques dans une interview au journal Le Parisien.

Les raisons de la colère :

La suppression du statut du cheminot est le principal sujet de discorde entre le gouvernement et les syndicats. Des positions qui semblent irréconciliables…

A l’unisson, CGT, l'Unsa, Sud-Rail et la CFD en font un symbole et entendent le préserver. Le statut  garantit un emploi à vie, avec une grille de rémunérations peu élevées mais qui augmentent mécaniquement, et une retraite à partir à partir de 57 ans pour tous et à 52 ans pour les roulants, notamment en compensation des nuits passées loin du domicile.

Le gouvernement, lui, a décidé de supprimer le statut protecteur de la SNCF pour les nouveaux entrants. Il s’est dit prêt à discuter des modalités mais déterminé sur le principe.

Un changement de statut juridique… avant une privatisation ?

Le projet de loi présenté le 14 mars en Conseil des ministres prévoit également un changement de statut juridique de la SNCF.

L’établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) serait ainsi transformé en société anonyme (SA).

Pour les syndicats cela signifie un premier pas vers la privatisation. La réforme de la SNCF, c'est la privatisation du service public demandée par l'Europe. C'est une privatisation rampante. Ça s'est toujours passé comme ça, dénoncent-ils. Alors, même si Élisabeth Borne s'est solennellement engagée à ce que la SNCF reste une société publique, le scénario ressemble (trop) à celui de 1997où on a changé les statuts de France Telecom en disant : Ne vous inquiétez pas… Et France Télécom a fini par devenir Orange !

On n'annonce jamais une privatisation dès le début, a rappelé Julien Dray, conseiller régional d'Île-de-France et ancien député socialiste, sur Europe 1.

L'ouverture à la concurrence qui s'étalera de 2019 à 2033 est également un sérieux motif de conflit. Même si la fin du monopole de la SNCF sur le transport des personnes était prévue depuis 2016 par les textes européens : Bruxelles estimant, en effet que des concurrents privés doivent pourvoir exploiter leurs trains sur le réseau ferroviaire français… Sans être une privatisation, la libéralisation du secteur met la SNCF à un  niveau d’égalité avec des acteurs animés d’une logique de profit… Et cela suscite des inquiétudes, fort légitimes auprès des défenseurs d’un service public de qualité.

D’ailleurs, le Sénat, très attaché à la desserte des territoires, n’a pas du apprécié tout le recours initialement prévu à des ordonnances pour réformer la SNCF ! Par 197 voix contre 114, un texte pour que l'ouverture à la concurrence ne se traduise pas par une dégradation du service au client, sur une proposition d’Hervé Maurey, groupe Union centriste. Nous voulons éviter cet écrémage du type de celui opéré par les opérateurs de téléphonie, et préserver la desserte des villes moyennes par des services TGV, a-t-il insisté.

La proposition de loi prévoit notamment que l'État conclura des contrats de service public pour les TGV combinant services rentables et non rentables.

46,6 milliards d'euros fin 2017 pour SNCF Réseau et de multiples dysfonctionnements ? A l’unanimité, les syndicats estiment que le projet de réforme ne règlera pas ces problèmes. Le gouvernement et la direction de la SNCF seraient mieux inspirés d'ouvrir des négociations sur le fond, affirme la CGT, C'est-à-dire, ce qui conduit les cheminots à entrer dans l'action : l'avenir de la SNCF, sa pérennité et son développement. Insiste l’organisation salariale leader dans l'entreprise. Pour faire plier l'exécutif, la CGT a d’ailleurs appelé à une grève illimitée dans le secteur de la collecte et du traitement des déchets, au nom d’une convergence des luttes… Un mécontentement général à l’opposé de la stratégie du pouvoir qui, cherche à isoler ce mouvement des cheminots en faisant valoir qu'il s'agit d'une catégorie spécifique avec a des revendications particulières, estime Stéphane Sirot, professeur d'histoire politique et sociale à l'université de Cergy-Pontoise.

Arbitrage de L'opinion publique

Selon un sondage Ifop pour JDD du 1er avril, 46 % de Français trouve le mouvement justifié, soit une hausse de 4 points en 2 semaines. Les partisans de la réforme restent légèrement majoritaires : 51 %.