Irak : les jeunes dénoncent la corruption du gouvernement

En Irak, la contestation antigouvernementale a repris ce 24 octobre au soir. Aux cris de Tous des voleurs, des centaines de personnes se sont rassemblées sur la place Tahrir de Bagdad, là où les protestations ont commencé début octobre…

Les appels à manifester concernent la plupart des provinces du sud, chiite et tribal.

En revanche, dans le nord et l'ouest, personne n'a osé défiler…

Ces régions, majoritairement sunnites, avaient été reprises il y a 2 ans à l'organisation État islamique (OEI). Sur place, les habitants redoutent d'être accusés de terrorisme ou de soutien à l'ancien régime de Saddam Hussein

À Nassiriya, à 300 km au sud, les manifestants ont assurés être prêts à faire des sit-in jusqu'à la chute du régime.

Les militants réclament des emplois et des services fonctionnels dans un pays riche en pétrole, mais en pénurie chronique d'électricité et d'eau potable.

Le leader chiite Moqtada al-Sadr vainqueur des législatives et partie de la coalition gouvernementale, entend peser pour continuer à dénoncer la corruption des dirigeants. Il a réclamé la démission du cabinet et des élections anticipées. Ex-chef de milice, il a appelé ses combattants à se tenir prêts à protéger les manifestants…

Mais le gouvernement peut toujours compter sur Hachd al-Chaabi à la tête d’une coalition de paramilitaires dominée par les milices chiites pro-Iran et 2e groupe du Parlement.

La veille, Adel Abdoul Mahdi, Premier ministre depuis un an, avait déclaré que le peuple était libre de manifester, mais il avait prévenu que la violence ne serait pas tolérée.

Une démission du gouvernement aujourd'hui, sans alternative constitutionnelle, mènerait le pays au chaos, a-t-il affirmé lors d'une allocution télévisée.

L'ensemble des forces de sécurité avait été mis en alerte… Au moins 2 manifestants ont été tués à Bagdad. Ils ont été touchés au visage par une grenade lacrymogène, a indiqué un membre de la Commission gouvernementale pour les droits de l'Homme ajoutant que près d'une centaine de personnes ont été blessés.

Les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des milliers de manifestants aux portes de la Zone verte à Bagdad.

Usage excessif de la force

Selon un bilan officiel, 157 personnes mortes au cours des rassemblements.

Ce 22 octobre, les autorités ont rendu public leur rapport sur les violences qui non seulement n’a pas convaincu les politiques mais attisé la colère de la rue…

L’enquête est bien obligée de reconnaître les abus répressifs mais la question des tireurs non identifiés n’est pas résolue. Pourtant, 70 % des morts recensés ont été touchés à la tête ou au torse…

La mission de l'ONU en Irak avait enjoint le gouvernement à tirer les leçons de l’hécatombe … et à prendre des mesures concrètes pour éviter la violence. Certains députés et responsables politiques avaient également renchéri en ce sens afin d’éviter les morts…