Royaume-Uni : Exit le Brexit ?

Theresa May avait appelé les députés à un sursaut pour voter en faveur de ce texte qui ouvrirait la voie à une sortie en douceur de l’Union européenne.

Son souhait n’a pas été exaucé… L

’accord sur le Brexit, négocié avec Bruxelles pendant 2 ans, a été massivement été rejeté ce 15 janvier par le Parlement britannique : 202 votes pour et 432 contre… Un désaveu historique pour la Première ministre.

Peu après, le chef du Labour a déposé une motion de censure, débattue ce 16 janvier.

La dernière fois qu’un gouvernement avait perdu face au Parlement avec un écart  de plus de 100 voix remonte à 1924 ! Comme à l’époque, Jeremy Corbyn, leader de l’opposition travailliste actuelle, aimerait que de nouvelles élections soient  organisées.

Une telle initiative n'a que peu de chance d’aboutir…

En grande majorité, les conservateurs, opposés au plan concocté par Theresa May et l’UE mais ne sont pas en faveur d’un nouveau referendum …  De plus,  le petit Parti unioniste démocrate irlandais a signé un accord avec le gouvernement qui l’oblige à le soutenir en cas de vote de défiance…


Pour Theresa May, qui a 3 jours pour trouver un plan B, la première option serait de soumettre au Parlement le mois prochain, ce texte, légèrement amendé et tenter d’obtenir quelques hypothétiques nouvelles concessions de la part de Bruxelles. Mais les responsables européens ont prévenu qu’ils estimaient en avoir déjà fait assez !

Quelques modifications cosmétiques ne convaincraient sûrement pas les Brexiters convaincus et le nouveau texte aurait toutes probabilités d’être encore rejeté… En conséquence, ce serait pour Theresa May, un véritable suicide politique.

Référendum 2.0 ou Hard Brexit ?

La 2e possibilité est d’organiser un nouveau référendum. Cette solution a les faveurs des force progressistes comme de la plupart des travaillistes, les libéraux démocrates et le parti national écossais… Selon des experts, un tel scénario n’est pas réaliste : il n’y a pas de majorité au Parlement pour un nouveau vote sur le Brexit, ne serait-ce que parce que Jeremy Corbyn n’y est pas favorable, rappelle Matt Beech, un politologue britannique.

Il n'y a qu'à laisser le pays sauter dans le vide le 29 mars*, sans accord avec Bruxelles, jugent à l’inverse les plus virulents partisans du Brexit, bien que minoritaires… Plusieurs ministres et députés conservateurs ont prévenu qu’ils démissionneraient dans ce cas, insiste The Guardian. Il existe donc une volonté d’éviter le hard Brexit, c’est-à-dire aucun accord adopté sur les relations entre le Royaume-Uni et l’UE.

La tentation est donc de laisser encore passer un peu plus de temps : Theresa May peut aussi demander à Bruxelles de reculer la date officielle de sortie de l’UE et tenter d’améliorer l’accord. Des responsables européens ont averti qu’ils n’y étaient pas opposés et la Première ministre britannique semble s’être faite à l’idée de cette éventualité… Le répit pourrait durer jusqu’à l’été. Une solution pragmatique qui permettrait de poursuivre les débats.

Mais pour discuter de quoi ?

Theresa May avait déjà retardé le vote, initialement prévu pour le 11 décembre 2018. Maintenant que les députés ont massivement rejeterle texte, le gouvernement va avoir du mal à justifier d’y revenir encore une fois… Le recul de la date de sortie aboutirait à une confrontation entre les partisans d’un Hard Brexit et ceux qui veulent un nouveau référendum, estime Matt Beech et Theresa May est farouchement opposées à ces alternatives…

*date officielle de la sortie du Royaume-Uni de l'UE.