Gbagbo et Blé Goudé acquittés par la CPI
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- Catégorie : Actualité internationale
- Publié le Mardi, 15 Janvier 2019 17:59
La Cour pénale internationale a acquitté et ordonné, ce 14 janvier la remise en liberté immédiate de Laurent Gbagbo, 73 ans, ex-président ivoirien et de Charles Blé Goudé, 47ans, ex-chef des Jeunes Patriotes.
Ils comparaissaient pour 4 chefs de crimes contre l'humanité : meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains pour lesquels ils ont toujours plaidé non coupable… La Chambre a statué sur les demandes d'acquittement présentées et concernant l'ensemble des charges retenues. L'accusation ne s'est pas acquittée de la charge de la preuve conformément aux critères requis par la justice internationale a justifié Cuno Tarfusser, le juge président.
Ces acquittements sont une victoire de la justice, s'est félicité Emmanuel Altit, avocat principal de l'ancien président ivoirien…
Les avocats de l'État ivoirien ont quant à eux, qualifié de non-sens, la surprenante décision de la Cour :14 demandes de mises en liberté ont, en effet, été successivement refusées. On ne peut pas imaginer qu'à chaque fois la CPI n'ait pas examiné les faits… 3 500 morts et il n'y a pas de coupable… C'est inexplicable ! s’est insurgé déclaré Me Jean-Pierre Mignard.
Au moment de l'énoncé du verdict, les 2 hommes sont tombés dans les bras l'un de l'autre, sous les applaudissements de leurs partisans présents dans la tribune de la salle d'audience. Mais ils vont encore passer encore au moins une nuit dans leur cellule du centre de détention de La Haye, où siège la CPI.
Le procureur peut encore contester leur mise en liberté lors d'une audience prévue ce 16 janvier matin et aura également la possibilité de faire appel de la décision d'acquittement.
En détention depuis 7 ans, Laurent Gbagbo, 73 ans, était accusé de crimes contre l'humanité durant la crise qui a suivi les présidentielles de 2010-2011. Contestant le résultat du scrutin, Gbagbo avait née refuser de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, actuel président ivoirien. Après avoir occupé le palais présidentiel pendant des mois, Laurent Gbagbo avait été arrêté en avril 2011 par les forces du président Ouattara, soutenues par les Nations unies et la France, avant d'être remis à la CPI.
Les violences avaient causé plus de 3 000 morts en 5 mois.
En Côte d'Ivoire, la nouvelle de la prochaine libération de Laurent Gbagbo a été saluée par des cris de joie, danses et concerts de klaxons à Gagnoa, ville natale de l'ancien président. Ma conviction était faite, le président Laurent Gbagbo n'est pas coupable de tout ce dont on l'accusait, a affirmé joyeusement à Abidjan Simone Gbagbo, l'ex-première dame. L'acquittement de Laurent Gbagbo est une bonne chose pour la réconciliation des Ivoiriens, a estimé l'ancien président Henri Konan Bédié, qui a rompu son alliance Alassane Ouatarra. Enfin la Côte d'Ivoire entière va pouvoir tourner la page des tristes événements de 2010-2011, a réagi Pascal Affi N'Guessan, président du Front Populaire Ivoirien (FPI), fondé par Laurent Gbagbo. Les conditions sont désormais réunies pour l'unité en vue de la reconquête du pouvoir par le FPI en 2020, a-t-il ajouté.
Impunité des crimes : quel avenir pour la CPI ?
La décision des juges relance évidemment les critiques sur la CPI… Les précédentes tentatives pour juger des hautes personnalités politiques, la plupart en Afrique, se sont soldées ainsi… A l’image de l’acquittement de l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba en juin 2018, d'abord été condamné à 18 ans de prison pour des crimes commis par sa milice en Centrafrique entre 2002 et 2003. L'acquittement de ces 2 deux hommes est un nouveau pas vers l'impunité des crimes commis lors des violences post-électorales, a déploré la FIDH (Fédération internationale des droits de l'homme).