Corée du Nord : 54 femmes témoignent de viols

On pleure la nuit mais on ne sait pas pourquoiCette citation est devenue le titre du rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW), publié ce 31 octobre. L’organisation a recueilli les témoignages de 54 Nord-coréennes*, violées par des responsables du pays : policiers, gardiens de centre de détention provisoire, cadres du parti, dirigeants… ou des civils en position d’autorité.

Si les femmes refusent, ou même se plaignent, elles font face aux risques d’un emprisonnement prolongé, de passages à tabac, de travaux forcés ou de contrôles renforcés dans le cadre de leur activité professionnelle…

Human Rights Watch accuse le gouvernement de Pyongyang de ne pas donner suite aux plaintes des victimes et de couvrir les faits afin d’offrir l’illusion d’une société où il n’existe ni sexisme ni violences.

Toutes les Nord-Coréennes diraient probablement Me Too si elles pensaient qu’il était possible que justice soit faite, écrit en conclusion Kenneth Roth, directeur exécutif de HRW.

L’Etat policier est omniprésent et la dissidence inadmissible : les membres des forces de l’ordre sont devenus des prédateurs sexuels.

Les agressions sont institutionnalisées. En toute impunité. Ces pratiques sont tellement courantes qu’elles sont considérées comme faisant partie de la vie ordinaire…

A l’époque, je pensais que c’était normal, a témoigné Goh Myun Chul, un ancien fonctionnaire du régime. Aucune ne s’est jamais refusée à nous. Nous étions puissants, influents, nous les payions…. a-t-il raconté. Je pensais qu’elles étaient heureuses que nous les ayons choisies, a-t-il assuré avant d’ajouter celles qui avaient un problème ou voulaient une faveur pouvaient compter sur nous.

De nombreuses femmes ne réalisent pas qu’elles ont été victimes de viol ou d’agression. Elles n’en prennent conscience qu’une fois qu’elles ont quitté le pays. Dans cette société très hiérarchisée, et donc très patriarcale, le viol n'est considéré comme tel qu'en cas d'utilisation de la violence. En Corée du Nord, seulement 7 hommes en 2011 et  5 en 2015 ont été condamnés pour viol. Des chiffres communiqués en 2017 par Pyongyang à un comité de l’ONU, chargé de surveiller les discriminations envers les femmes. 



* Elles ont toutes quitté le pays après l’accession au pouvoir de Kim Jong Un, en 2011