Venezuela : malgré les morts et les arrestations les manifestations anti Maduro continuent

L’opposition vénézuélienne voulait faire de la manifestation de ce 19 avril contre le président Nicolas Maduro la Mère de toutes les Manifestations

Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue, à Caracas et dans de nombreuses autres villes du pays, pour demander le départ du président et des élections anticipées. 3 personnes ont été tuées et une trentaine sont arrêtées mais l'opposition refuse de s'arrêter là. De nouvelles manifestations sont prévues ce jeudi.

Après le 6eme rassemblement depuis le début du mois, on déplore 8 morts et 500 personnes interpellées, selon l'ONG Foro Penal. Désormais le Venezuela craint une répétition de la vague de manifestations de 2014, qui avait fait 43 morts.

Les raisons de la colère 

Le 1er avril, la Cour suprême, réputée proche de Nicolas Maduro, s'est arrogée les prérogatives du Parlement, contrôlé par l'opposition de gauche depuis les élections. Un tollé d’indignation a suivi et la décision a été annulée 48 h plus tard. La colère est encore montée après que la justice ait infligé 15 ans d'inéligibilité à Henrique Capriles, une des figures de l'opposition (centre Droite).

De toute façon, la crise est latente depuis la mort d'Hugo Chavez en 2013. Nicolas Maduro, son logique successeur ne bénéficie pas de la même popularité. Il n’a gagné que de justesse l'élection présidentielle contre Henrique Capriles. Lors de la chute des cours du pétrole en 2014, le pays perd une grande partie de la gigantesque manne qui finance les programmes sociaux, un des grands succès d'Hugo Chavez auprès des plus pauvres. En manque de devises pour ses importations, le Venezuela souffre alors de graves pénuries de nourriture et de médicaments. L’économie sombre et le mécontentement populaire grandit, au profit d’une opposition centriste très hétéroclite qui remporte les législatives en décembre 2015.

Cette victoire historique met fin à 17 ans d'hégémonie chaviste. Depuis, la fracture entre les 2 camps ne fait que s’intensifier. La Cour suprême, acquises à Nicolas Maduro, bloque les décisions des députés. Le bras de fer s'amplifie avec la suppression de l'immunité parlementaire et les manœuvres du président pour invalider toute nouvelle loi, notamment le projet de référendum révocatoire, pour révoquer… le président. La séparation des pouvoirs, déjà faible avec  Hugo Chavez, n'existe plus du tout. Les Vénézuéliens, déjà éprouvés par la terrible crise économique, en ont plus que ras-le bol !

Les rassemblements sont organisés par les jeunes députés anti-chavistes acharnés, comme d'Henrique Capriles, 44 ans, symbole de la nouvelle génération politique. C’est la personnalité la plus en vue au sein de la MUD (Table pour l'unité démocratique), vaste coalition de centre droit rassemblant l'opposition. Déterminé à éjecter Nicolas Maduro du pouvoir, Henrique Capriles l’a qualifié de dictateur et d'horrible créature. Le chef de l’Etat a riposté en le traitant de putschiste capitaliste. Nicolas Maduro le surnomme Capriloca = association de Capriles avec loca, qui veut dire folle. Déclaré inéligible, Henrique Capriles ne pourra pas se représenter lors de la prochaine élection présidentielle prévue en 2018.

Le chavisme n'a jamais été aussi impopulaire… 

Dans le collimateur du gouvernement, il y a aussi le parti Volunté Populaire (centre gauche) de Leopoldo Lopez, emprisonné depuis 2014, Primero Justicia de Freddy Guevara,

Plus unis, ces leaders, sont suivis par près de 80% de la population qui en raison des pénuries de nourriture, d’une inflation à 720% aggravant les inégalités sociales, rejette massivement la gestion gouvernementale du pays.

Avec le gaspillage, la corruption et l'insécurité... les quartiers pauvres, traditionnellement acquis, se détournent également de Nicolas Maduro.