Londres : Hôpitaux saturés et généralistes au bord du burn out

Le National Health Service, système de santé public britannique depuis 1948 et fierté du Royaume, traverse depuis plusieurs mois une crise sans précédent.

Avec 1,5 million de salariés, le système de soins gratuit est le 5e employeur mondial. Le NHS est une institution sacrée. Notre religion nationale, disait l'ex-ministre Nigel Lawson. Mais cet hiver, conséquence d’une population vieillissante, 2,5 millions de patients supplémentaires ont été enregistrés. Par manque de moyens et d'effectifs, les hôpitaux sont sous pression. La Croix-Rouge décrit une crise humanitaire, les médecins dénoncent des conditions dignes du tiers monde.

En 2016, 500 000 h d'ambulances ont été dépensées en pure perte par des véhicules du Samu qui tournent sans fin à la recherche d’un lit disponible comme on cherche une place pour se garer !

L’injonction de Theresa May qui entend obliger les cabinets de médecins généralistes à ouvrir 7 j/7 et de 8h à 20h, sous peine de sanctions financières… a déclenché la colère des praticiens épuisés.

Nous ne sommes pas formés pour les urgences, a rétorqué une représentante des généralistes. La Première ministre est dans le déni, estime Jeremy Corbyn, leader de l’opposition travailliste.

Mi janvier, la photo du petit Jack, 22 mois, vêtu d'une simple couche et dormant, faute de lit aux urgences,  sur une couverture posée sur 2 chaises en plastique rouge, a fait le tour des réseaux sociaux et la couverture du Daily Mirror. Malgré une suspicion de méningite, Jack a attendu 5 h avant de voir un médecin…

Aux urgences de l'hôpital Saint-Mary de Londres, le temps d'attente estimé est de : 13 h 52 mn ! 95 patients admis pour seulement 33 places. Les brancards s'entassent dans les couloirs. Une jeune maman attend par terre avec son bébé, sous les regards désolés mais impuissants des soignants. Je suis énervée et inquiète, témoigne la jeune femme. Faudra-t-il un drame pour qu'on s'inquiète enfin de nous ? insiste-t-elle.

2 patients sont morts sur un brancard dans un couloir du Worcestershire Royal Hospital

Contraints de choisir entre 2 urgences, un hôpital saturé, a du renvoyer chez lui un patient atteint du cancer et devant être opéré rapidement après une chimio. Le personnel médical avait besoin de son lit en soins intensifs pour accueillir une accidentée de la route, victime d'une hémorragie de l'aorte.

La femme a pu être sauvée et l'homme a été opéré plusieurs jours plus tard mais la situation est plus que critique surtout que les médecins européens représentent 10% des personnels et qu’ils pourraient être renvoyé chez eux par le Brexit…