Fusée de Pyongyang : la riposte au portefeuille
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- Catégorie : Actualité internationale
- Publié le Jeudi, 11 Février 2016 16:50
Sans attendre l'issue des négociations au Conseil de sécurité de l’ONU sur de nouvelles sanctions, les États-Unis et ses alliés asiatiques ont riposté aux programmes balistique et nucléaire du régime nord-coréen en visant les finances de Pyongyang.
Défiant à nouveau les avertissements de la communauté internationale, la Corée du Nord a tiré, ce dimanche 7 février 2016, une fusée qui pourrait avoir une portée de 10 000 km…
Selon le ministère sud-coréen de la Défense qui surveillait la base de lancement, l’engin a été mis à feu à Tongchang-ri, dans le nord-ouest du pays. Il s’est ensuite dirigé vers le Sud, au-dessus de la mer Jaune. Le département américain de la Défense a indiqué qu’un objet aurait été mis en orbite.
Présenté par Pyongyang comme un lancement de satellite, ce tir est considéré comme un test de missile balistique de longue portée. Une violation flagrante de plusieurs résolutions de l’ONU, qui a évidemment fermement condamné cet agissement.
La Corée du Sud a décidé la fermeture de la zone industrielle de Kaesong, un complexe industriel intercoréen.
Des centaines de camions sud-coréens ont traversé jeudi matin la frontière avec le Nord pour récupérer équipements et biens produits sur ce site. Le complexe représentait une source de centaines de millions de dollars de devises, étrangères irremplaçable pour le régime nord-coréen. Séoul a accusé Pyongyang de les avoir utilisées pour financer ses programmes d'armement. Depuis son ouverture en 2004, Kaesong symbolisait l’un des ultimes projets de coopération entre les voisins ennemis. Les 124 chefs d'entreprises du Sud qui employaient 53 000 Nord-Coréens, ont estimé que leurs activités industrielles ont été sacrifiées sur l'autel de la politique et qualifié la mesure d’injuste. En retour, Pyongyang a ordonné à tous les Sud-Coréens de quitter immédiatement la zone.
Le secrétaire d'État adjoint américain pour l'Asie et président de la Chambre des représentants, Daniel Russel, a estimé que la décision de Séoul était un indicateur incontestable de la gravité avec laquelle ils observent les provocations de Kim Jong-un. Barack Obama avait d’ailleurs désigné ce tir d'une fusée nord-coréenne à longue portée comme une menace directe pour la sécurité des États-Unis. De son côté, le Sénat américain a adopté mercredi soir de nouvelles sanctions unilatérales Les sénateurs américains ont donc voté à l'unanimité un texte qui rend obligatoires des sanctions existantes contre toute personne ou entreprise aidant le régime de Pyongyang, notamment dans l'acquisition de matériaux pour fabriquer des armes de destruction massive. Ce régime dictatorial doit apprendre que ses actions auront des conséquences, a déclaré Paul Ryan.
Le Japon a également annoncé une interdiction d'accès aux ports du pays pour les des navires nord-coréens, même à caractère humanitaire.
Les négociations entre Washington et Pékin sur une nouvelle résolution de l'ONU piétinent en raison des réticences de la Chine. Le principal allié de Pyongyang redoute que l'effondrement du régime favorise l'avènement d'une Corée réunifiée alignée sur les États-Unis.
D’après The Korea Herald, les responsables sud-coréens et américains de la Défense auraient décidé de répliquer en ouvrant des discussions sur le déploiement en Corée du sud d’un système de défense antimissiles américain. Or, la Chine s’y oppose formellement. Pékin regrette l’initiative de Pyongyang, qui la met face à ses responsabilités rapporte The Guardian, qui juge que le tir d’hier montre les limites de l’action diplomatique envers un pays qui menace le monde de son propre suicide. Le quotidien britannique déplore que la Chine n’ait pas réagi plus tôt, et plus fermement. L’explication de ce relatif laxisme chinois serait du, toujours selon The Gardian, à la crainte d’une éventuelle démilitarisation de la Corée du nord qui aboutirait à une réunification de la péninsule sous l’autorité de la Corée du sud.
Beaucoup moins inquiet, Le Figaro, estime que la Corée du nord ne maîtrise pas encore toutes les technologies pour produire un vrai missile balistique intercontinental. Le journal indique que la seule différence notable entre un missile et une fusée tient à la maîtrise d’une phase cruciale : la rentrée dans l'atmosphère doit être parfaitement contrôlée pour qu'une charge militaire atteigne sa cible avec précision. Ce que la Corée du Nord n'a toujours pas démontré ! a affirmé Le Figaro