Bangui : Des soldats français ont-ils violé des enfants contre de la nourriture ?

Un rapport de l’ONU, publié par The Guardian, met en cause des soldats de l’opération Sangaris*, particulièrement les français : 13-16 auraient abusé d’enfants. Cette affaire met gravement en cause les forces armées. Une enquête a été confiée au bureau des services de contrôle interne des Nations unies.

En 2014, Bangui, la capitale, était déchirée par terribles combats entre les miliciens chrétiens anti-balaka et les musulmans de la Séléka. Des milliers de civils avaient fui leurs quartiers pour se refugier dans les environs de l’aéroport de M’Poko. C’est dans ce camp de réfugiés que les abus sexuels auraient été commis, courant juin 2014, sur des jeunes enfants des rues orphelins, affamés. L’un n’aurait pas 9 ans.

Les faits auraient eu lieu avant et après la mise en place de la Minusca, la mission des Nations unies dans le pays.

A la suite de rumeurs dans le camp de M’Poko, un rapport avait été commandé par le bureau du haut commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme. Le témoignage des jeunes garçons accusent précisément des soldats français de les avoir violés en échange de nourriture ou d’argent.

Toujours selon The Guardian, Anders Kompass, directeur des opérations de terrain au Haut Commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme, a été suspendu la semaine dernière pour avoir transmis aux autorités françaises ce rapport interne portant le cachet confidentiel. Le cadre suédois est accusé d’avoir fait fuiter ce document et d’avoir ainsi court-circuité sa hiérarchie.

L’Unicef interrogée par Libération a tenu à préciser, pour replacer les faits dans le contexte,  que la période de juin 2014 avait été une période extrêmement chaotique, marquée par une grande violence, notamment contre les enfants.

Onse trouve avec des milliers d’enfants enrôlés dans diverses factions. La tâche est de les extraire du conflit mais aussi de les mettre en garde contre d’autres violences dont ils pourraient être les victimes, y compris au contact des forces armées chargées de la pacification, a indiqué une autre source humanitaire. Les enfants ont dû être entendus notamment par l’Unicef, dont la mission est de les protéger et ensuite de les reconstruire après de tels abus, a expliqué une autre ONG, qui indique ne pas être étonnée par les révélations du Guardian : devant la gravité des faits, un rapport a été transmis à l’ONU…qui devait décider de poursuivre et de sanctionner.…


*La mission Sangaris a encore actuellement 1 000 hommes déployés à Bangui