Irak : EI détruit la cité historique de Nimroud au bulldozer

Le groupe EI a pris d'assaut la ville de Nimroud et a commencé à détruire au bulldozer ce joyau archéologique du nord de l'Irak.

La cité a été fondée au 13e siècle avant JC, sur les rives du Tigre à une trentaine de kilomètres de Mossoul, la ville contrôlée par l'EI depuis juin et où, la semaine dernière, les djihadistes réduisaient en miettes des sculptures préislamiques inestimables. Pour l'organisation islamiques, statues, tombeaux et représentations favorisent l'idolâtrie et méritent donc d'être détruits.

Les djihadistes avaient diffusé une vidéo de leur saccage à Mossoul. Le ministère du Tourisme et des Antiquités et un autre responsable ont confirmé : jusqu'à présent, nous ne pouvons pas mesurer l'ampleur des dégâts, a déclaré le responsable, tenant à garder l'anonymat.

La destruction des trésors de Mossoul avait été condamnée par la communauté internationale et la direction de l'Unesco avait réclamé l’intervention de la Cour pénale internationale. Cependant, les djihadistes auraient averti les gardiens du musée de Mossoul , que Nimroud serait leur prochaine cible… C'est l'une des plus importantes capitales assyriennes, on y trouve des bas-reliefs et des taureaux ailés (...) Cela serait un véritable désastre, avait alors indiqué à l'AFP, Abdelamir Hamdani,  archéologue irakien à l'Université Stony Brook de New York.

Parallèlement, les forces gouvernementales ont lancé ce lundi une offensive d'envergure contre l'EI pour reprendre Tikrit, la deuxième plus importante ville conquise par l'EI après Mossoul. A 4e jour de l’assaut, l'ONU a annoncé que ces opérations militaires ont entraîné autour de Tikrit le déplacement d'environ 28 000 personnes qui ont fui vers Samarra et que des mouvements de population continuaient. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) estimeque 2,5 millions d'Irakiens chassés de chez eux par les violences de l’EI.

Après plusieurs menaces de représailles formulées par les miliciens chiites*, Amnesty International et Human Rights Watch s'inquiètent des dangers encourus par les civils à Tikrit. Pour cette bataille, les Irakiens n'ont pas demandé l'aide de la coalition, qui poursuit ses frappes quotidiennes ailleurs en Irak et mène également des actions contre l'EI sur les zones frontières en Syrie.

En revanche, John Kerry, en visite à Ryad, a confirmé jeudi la participation de l'Iran et la présence du  général Ghassem Souleimani, chef de la Force Qods, une unité d'élite des Gardiens de la révolution. Est-ce que le général Souleimani a été sur le terrain, est-ce qu'il joue un rôle ? La réponse est oui, a déclaré John Kerry. Le secrétaire d’Etat américain a cependant souligné que l'opération était sous contrôle irakien. Tout le monde sait qu'il y a un certain mouvement des forces iraniennes, à la fois dans et à l'extérieur du nord de l'Irak, qui sont engagées dans les combats depuis le tout début, a-t-il rappelé. Mais ce n'est pas coordonné. Nous ne nous coordonnons pas avec eux, a-t-il précisé avant d’inciter toutes les forces irakiennes à éviter et empêcher les abus contre des civils, qui violeraient le droit international ou alimenteraient les violences confessionnelles. Cela inclut également l'Iran, a insisté John Kerry.

D’autre part, Nickolay Mladenov, émissaire de l'ONU, a affiché son optimisme sur la capacité du pays à rester uni, au terme de 18 mois de mission en Irak. Depuis le gouvernement Abadi, estime M. Mladenov, il est devenu moins acceptable pour les acteurs politiques irakiens d'être ouvertement communautariste dans un discours… Cependant Haider al Abadi, chef du gouvernement de confession chiite, au pouvoir depuis 6 mois, a récemment assuré récemment que toute personne choisissant la neutralité dans la bataille de Tikrit se rangeait du côté de l'EI.


* En juin dernier, des milliers de recrues avaient été massacrées par l'EI et des tribus sunnites avaient alors été accusées de complicité.