Guinée : Violences communautaires entre musulmans et chrétiens. Plus de 50 morts

Les services de sécurité guinéens ont déployé des renforts pour tenter d'endiguer les violences entre Konianké (musulmans) et Guerzé (chrétiens). Les affrontements ont commencé après le lynchage dimanche 14 juillet de trois hommes accusés de vol dans une station-service, à Koulé. Ils ont été battus et torturés par des gardiens. La mort de deux d'entre-eux quelques heures après a déclenché une spirale de représailles entre les communautés Konianké et Guerzé.

Des églises et des mosquées ont été brûlées. Les combats à l'aide de coupe-coupe, haches, pierres et bâtons, mais aussi d'armes à feu, se sont étendus à travers le pays, causant la mort de plus de 50 personnes en 3 jours, près de la frontière ivoirienne (à environ 1 000 km de Conakry) dans la région de N’Zérékoré.

À l'hôpital central, 54 corps ont pu être identifiés avant d'être rendus à chacune des deux communautés. En revanche, d'autres restent anonymes et n'entrent pas encore dans les cases du bilan des masssacres : Certaines dépouilles n'ont pas de tête, d'autres n'ont pas de papiers d'identité, a déclaré un médecin de N’Zérékoré. Avec la Croix-Rouge, nous avons parcouru beaucoup de quartiers, des corps sont encore dans des caniveaux, a-t-il ajouté.


Mardi, le président Alpha Condé, avant de se rendre à Abuja où se tient le 43e sommet ordinaire des dirigeants ouest-africains, avait exhorté les populations au calme. Toutes les dispositions ont été prises pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, a-t-il affirmé.

Contrairement au chaos des dernières 48h où les habitants n'osaient plus sortir de chez eux, un résident N’Zérékoré a témoigné mercredi d'un retour au calme, précaire…

De son côté, Aboubacar Sylla, porte parole de l'opposition, a appelé à une véritable politique de réconciliation entre les communautés dans ces régions frontalières du Liberia et de la Côte d'Ivoire. L'Etat doit assumer ses responsabilités et ramener le calme. Il doit restaurer son autorité, a-t-il insisté.